Marceline, maman de Noé

Aujourd’hui, cela fait 22 mois que tu nous as quitté. Tu es mort dans un accident de voiture. Un chauffard alcoolisé, sous l’emprise de drogue t’a percuté. Il roulait trop vite. Il ne t’a laissé aucune chance de survie.

Ce coup de téléphone dans la nuit du 24 au 25 juin 2022 pour m’annoncer la terrible nouvelle est le point de départ d’une longue descente aux enfers pour toute notre famille. Toute ma vie s’est écroulée et ne sera plus jamais comme avant.

Avant nous étions si heureux ton papa, ta petite sœur Eden et moi, ta maman.

Quelques fois, je retourne dans ta chambre pour me remémorer tous ces moments de bonheur, tout cet amour que nous avons partagé ensemble. Ton visage, ta voix me reviennent et tous ses souvenirs car maintenant il ne me reste plus que ça.

Ta chambre, je l’ai laissée intacte, je m’assois sur ton lit et je regarde la porte fenêtre. J’attends que tu reviennes, mais je sais au fond de moi que plus jamais tu ne franchiras cette porte. Cette douleur qui m’envahit est si dense, profonde, indélogeable. Je l’aurai à vie et ça je l’ai bien compris.

Toi, Noé, mon fils adoré, tu allais avoir 17 ans deux jours après ton accident.

Tu avais la vie devant toi, tu étais en train de passer ton bac de français section sport étude au creps d’Antibes. Tu venais d’avoir ta première médaille en équipe de France Junior Tir sportif. Tu étais un espoir pour les JO. Doux et attentionné avec tes proches, la famille avait une grande importance à tes yeux. Tu étais entouré d’amis.

Mais ce qui te qualifiait le plus, c’était ta gentillesse. Tu me manques tellement.

Le chauffard n’a pas été encore jugé. Il essaie par tous les moyens légaux de retarder cette échéance (appel, pourvoi en cassation). Il a été libéré sous caution de 5 000 euros au bout de 2 mois. C’est dérisoire, incompréhensible, absurde. Surtout qu’il a été repris au volant, sous cocaïne, un an après l’accident et ce alors qu’il avait interdiction de conduire. Aujourd’hui, il est dehors, vit une vie normale.

J’essaie de croire encore en la justice mais quand je vois ce parcours, je me pose des questions… La justice ne me rendra pas mon enfant et ma joie de vivre. Peut-être, elle enlèvera un peu de ma culpabilité, de ma colère que je me suis créée.  Cet homme doit être jugé, il a ôté la vie de mon enfant. Il a fait beaucoup de mal par son comportement. Il n’a pas respecté les règles de notre société.

Le plus dur pour moi, c’est qu’il n’est jamais venu s’excuser. Il n’y a pas eu une once de compassion de sa part et de sa famille. Je me pose même la question de savoir s’il reconnaît les faits.

Ce parcours judiciaire est interminable et si dur moralement. Nous, victimes, nous n’avons pas le droit à la parole, ni au recours, notre deuil est déjà si dur. Nous devons accepter l’inacceptable, la perte de notre enfant et se rajoute par-dessus les méandres de la justice. Un parcours pour aboutir à un procès, une peine qui sera surement très peu par rapport à notre chagrin. Quand je vois les statistiques sur des drames similaires au mien, j’ai peur car les juges donnent des condamnations si petites par rapport aux faits. La vie d’un être humain n’a à leur yeux que peu d’intérêts me semble-t-il.

Nous avons trouvé une écoute suite à la marche de protestation que nous avons organisé suite à la libération sous caution du meurtrier de Noé. Des élus, notre maire Jean Leonetti, notre député Eric Pauget et notre sénatrice Alexandra Borchio Fontimp nous ont tendu la main et écouté.

Il est très dur pour un parent d’entendre que son enfant a été tué de manière involontaire par une personne qui a pris volontairement de la drogue, qui volontairement a consommé de l’alcool, qui volontairement conduit au-dessus de la limitation de vitesse, qui volontairement a pris son véhicule en étant conscient du danger qu’il pouvait représenter pour la société.

Je souhaite profondément que les clivages politiques soient mis de côtés et que la loi sur l’homicide routier aboutisse. Elle permettra une nouvelle prise de conscience de notre société face aux comportements dangereux en conduisant.

Elle sauvera des vies et des familles.

 

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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