Stop accidentes

Jeanne Picard-Mahaut,
fondatrice de l’association Stop accidentes

« Violencia vial » est la traduction espagnole de « violence routière ». L’expression existait déjà en France lorsque, le 20 septembre 2000, nous nous sommes réunis à une quarantaine de personnes pour
fonder en Espagne l’association Stop accidentes. Je me souviens des larmes, de l’indignation qui nous avait rassemblés. Nous étions les victimes oubliées de la société, inconnues des médias et complètement mises à l’écart d’une justice qui ne nous protégeait plus.

Défendre des victimes innocentes
Nous étions forts, cependant. Prêts à lutter pour sortir du silence, car nous étions sûrs de défendre une cause juste: celle de nos enfants qui étaient morts ou avaient été grièvement blessés dans des accidents de voiture qui auraient pu être évités. Nous défendions des victimes innocentes. Quelques mois plus tard, la France lançait la campagne « Arrêtez le massacre! », qui nous
intéressa beaucoup. En 2002, les États généraux de la sécurité routière furent pour nous aussi un grand souffle d’espoir.

Nous avions appris par Internet l’existence de la Ligue contre la violence routière. Lors d’une réunion de la Fédération européenne des victimes de la route, nous avons eu la chance de rencontrer Chantal Perrichon.


Aujourd’hui, j’ai l’impression de la connaître depuis toujours, car notre entente depuis ce jour est totale. En la rencontrant, nous avons découvert une personne qui nous a écoutés, nous a tendu la main, nous a aidés. Elle est toujours là, à n’importe quelle heure, au bout du fl, à travers les mails et même le soir. Quand j’ai l’occasion d’aller à Paris, nous nous donnons rendez-vous dans un café, vers 22 heures, et pendant que nous grignotons un sandwich, elle sort ses papiers de toutes les couleurs, pleins de notes.
Quant à moi, je pose une multitude de questions et je repars, la tête pleine de projets. Grâce à cette entente, nous progressons ensemble.

La France en modèle
L’une de nos premières collaborations a consisté à organiser à Madrid un Forum contre la violence routière, en 2001. L’association espagnole est fière d’avoir emprunté ce nom « violence routière ». Nos hommes politiques l’ont accepté diffcilement, mais dorénavant, l’expression fait partie de leur langage. Nous avons eu l’honneur, lors de ce premier forum, et grâce à la Ligue, de pouvoir écouter attentivement Rémy Heitz, le délégué interministériel de la Sécurité routière de l’époque.
Ce fut le début d’une collaboration étroite entre lui et notre directeur général du Trafc, Pere Navarro. Ils ont notamment œuvré pour mettre en place le permis à points dans notre pays. Chaque année, nous organisons un colloque à Madrid réunissant les principaux acteurs de la sécurité routière espagnole autour de
thématiques diverses. Et chaque année, la présidente de la Ligue vient y faire une conférence. Cette alliance fut pour nous le début de notre combat en Espagne. La politique de sécurité routière en France a été notre modèle, nous l’avons copiée pour notre plus grand profit. La politique des radars est la même qu’en France et le combat se poursuit, car, malheureusement, chaque jour 12 personnes meurent sur nos routes en Espagne. En 2008, par exemple, 500 vies ont été sauvées – qui parmi nous?

Naissance d’une fédération ibéro-américaine
Stop accidentes a contribué au changement de comportement des conducteurs en travaillant sans relâche avec les médias et les institutions, en obtenant des modifications du Code pénal – à l’image de la France – en ce qui concerne l’alcool, la vitesse, la conduite sans permis. Nous avons également obtenu une plus grande implication de la justice. Nous avons enfn obtenu ces dernières années la création d’organismes d’assistance aux victimes et à leurs familles. La publication d’un guide d’assistance aux victimes, le code déontologique pour les médias, ainsi que l’édition de nos différents colloques sont le fruit de notre travail. Stop accidentes a diffusé en Espagne le concept de la « voiture citoyenne » (« el coche cívico »), dans l’espoir de voir qu’un jour les constructeurs tiendront compte des valeurs de solidarité sur les routes. L’objectif « zéro accident » est un objectif qui nous unit. La conscience citoyenne et la pression des ONG ont été le moteur d’un changement radical qui s’est concrétisé en 2011 par la création de la Fédération ibéro-américaine des associations contre la violence routière, avec la participation de Chantal Perrichon. Treize pays en font partie: l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, l’Espagne, le Honduras, le Panama, le Paraguay, le Portugal, l’Uruguay, le Venezuela. En
Colombie et en Argentine ont lieu de grands colloques et des séminaires pour exiger de vraies politiques de sécurité routière et l’implication des gouvernements.

La distance nous unit
La distance ne saurait être un obstacle, elle ne nous sépare pas. Bien au contraire, elle nous unit et nous sommes tous pleins de projets et d’espoir. Unis dans nos engagements pour lutter ensemble, pour protéger la vie. Nous voulons que les gouvernements de toutes les nations ibéro-américaines réalisent que nous avons décidé de mettre un terme à l’indifférence et à l’oubli. La fondation de la Ligue internationale contre la violence routière nous a permis de détruire les murs de l’ignorance et de la résignation. Nous savons que le chemin est long, mais c’est un
mouvement qui ne s’arrêtera pas. Il est né de drames qui détruisent la vie de millions de familles dans le monde entier. Parce que nous faisons tous partie de la solution, tous ensemble nous réussirons.

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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