Réponse de Christophe Castaner au sujet du 80 km/h et de « la majorité silencieuse qui n’en veut pas ».
Question de Madame Barbara Bessot Gallot,
députée de la 1ere circonscription de Haute Saône
B.BESSOT GALLOT: Merci Président. Monsieur le Ministre de L’intérieur, suite à l’annonce de notre Premier ministre Edouard Philippe la semaine dernière, concernant la lutte contre les accidents mortels, il a dit être favorable à abaisser la limitation de vitesse à 80 km/h.
Une expérimentation concernant cette baisse de limitation à 80 km/h a été menée sur trois routes nationales, dont une dans mon département, sur la RN 57, un tronçon situé entre Vezoul et Rioz depuis juillet 2015.
Si cette mesure pourrait favoriser à diminuer le nombre de morts sur nos routes, l’expérimentation menée par la CEREMA, centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité, et l’aménagement, n’a donné lieu à aucune publication.
Si les résultats existent, ils doivent être communiqués à l’ensemble de la population afin d’être à même de mesurer l’importance de ce dispositif.
En effet, pour le moment en l’absence d’un tel retour ce dispositif est mal vu de l’ensemble des citoyens de ma circonscription, et pénalisent ceux qui se rendent au travail, avec des contraventions et les retraits de points subis.
La majorité silencieuse n’en veut pas. Cela sera un véritable coup de frein pour une ruralité active. Et cela éloignera encore plus le monde rural du monde urbain.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous indiquer dans quelles circonstances la limitation 80 km/h serait justifiée, et sur quels résultats se fonderait-elle ?
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Réponse de Monsieur Christophe Castaner,
secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement concernant la mise en place de la limitation à 80 km/h sur les nationales et départementales bidirectionnelles sans séparation centrale.
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C.Castaner: Merci Monsieur le Président, Mesdames Messieurs les députés. Vous savez quand j’étais enfant, mes parents devaient m’aimer beaucoup. Et pourtant quand ils me posaient à l’arrière de la voiture ils me posaient. Ils démarraient, et ils partaient.
Aujourd’hui je crois que aucun parent, aucun, ne prendrait le risque de ne pas se retourner deux fois sur le siège arrière pour vérifier que son enfant est bien placé dans l’outil le mieux adapté pour apporter sa sécurité.
Voilà la réalité de quelque chose qui paraissait à l’époque totalement inopportun. Et pourtant la loi l’a prévu, la loi l’a fait, et de très nombreux enfants ont sauvé leur vie grâce à cela.
De la même façon en 1973, on a décidé que hors agglomération, c’est-à-dire dans la campagne celle que vous représentez, que je connais bien pour la représenter aussi, hors agglomération on allait rendre la ceinture obligatoire à l’avant des véhicules. Seulement hors agglomération ! Il a fallu deux ans pour qu’on décide que ça s’adapte aussi en agglomération.
Il y a des gens, la majorité silencieuse que vous évoquez, qui pensaient que ce n’était pas opportun. Il y a même des gens qui ont été au conseil d’Etat pour contester cette décision au nom de la liberté fondamentale de pouvoir conduire sa voiture sans s’attacher à l’avant. Et pourtant, petit à petit, ça a sauvé des vies.
J’ai le souvenir le 14 juillet 2002, quand Jacques Chirac a donné à ce pays trois grands chantiers, trois grands chantiers transversaux, dont celui de la sécurité routière. En quelques années nous sommes passés de 9 000 morts à moins de 5 000. A la fin de son quinquennat, il pouvait revendiquer avoir sauvé 6 000 vies.
Aujourd’hui, les études montrent que baisser la vitesse sur les routes les plus accidentogènes, celles dont vous parlez, c’est 50% des accidents, permettrait d’éviter chaque jour un mort, permettrait d’éviter chaque jour une dizaine de blessés graves.
Alors, on peut vouloir parler au nom de la majorité silencieuse comme vous le faites. On peut vouloir éructer au nom de cette même majorité comme certains le font ici. Mais on peut avoir du courage politique pour faire en sorte qu’on sauve des vies.