Qu’en est-il de la mortalité sur les autoroutes allemandes ?

La comparaison entre l’Allemagne et la France sur l’accidentalité des autoroutes est l’objet dans les médias de prises de position nombreuses et récurrentes, et ce, depuis de très nombreuses années. En effet, contrairement à la France, sur 67% des autoroutes allemandes (Autobahn), la vitesse n’est pas limitée (cependant, des panneaux dynamiques peuvent imposer des limites temporaires selon le trafic ou la météo), et sur 15%, la vitesse subit des restrictions temporaires. Toutefois, une vitesse de 130 km/h est recommandée sur ces portions sans limites. Il reste ainsi 33% des autoroutes où la vitesse obéit à des restrictions permanentes, généralement de 130 km/h.

Notons que ces pourcentages d’autoroutes à vitesse illimitée sont controversés, comme on peut s’en assurer en se reportant au rapport de l’ONISR sur les autoroutes allemandes[1].

Cette absence de limites est unique au monde et complètement inimaginable en France ! La « liberté » accordée aux automobilistes allemands fait envie à de nombreux conducteurs français qui estiment leur liberté entravée par une VMA.

En réalité, sur cette partie des autoroutes allemandes sans limites, il est rare de pouvoir rouler à plus de 180/200 km/h, à cause de la densité de leur trafic. En effet, les autoroutes ont un maillage très serré et elles sont gratuites, autant dire qu’elles sont fort fréquentées. De plus, elles comportent nombre de chaussées anciennes en plaques de béton très inconfortables, qui demandent beaucoup de travaux pour les refaire, ce qui crée quantité de bouchons. Là, on prendra son mal en patience et on en profitera pour noter que, souvent, les motos resteront bien sagement dans les files, voire les remonteront très prudemment, ce qui est rarement le cas en France.

On sait que l’industrie automobile allemande se classe parmi les premières mondiales et que la vitesse à laquelle un véhicule peut se déplacer est un facteur de vente crucial. Son lobby est particulièrement puissant et s’est opposé à Bruxelles à des mesures proposant une diminution de la vitesse ou de la masse des véhicules qui réduiraient l’accidentalité routière. En conséquence, il est très difficile d’obtenir toutes les informations permettant de déterminer la différence entre les deux mortalités sur les autoroutes allemandes : celle quand la vitesse est libre et celle quand une VMA est imposée. Il est clair que cette connaissance permettrait de prouver que toute augmentation de la vitesse moyenne de circulation induit un accroissement de l’accidentalité et du nombre de tués. Conclusion allant à l’encontre des intérêts de l’industrie automobile allemande qui produit des véhicules puissants, aux « qualités » de grandes routières adaptées aux vitesses illimitées.

Nous n’avons pas eu accès à l’équivalent allemand de l’ONISR et devons donc nous contenter de quelques informations chiffrées peu nombreuses parues dans la presse, et impossibles à vérifier.

Faute de mieux, nous reportons dans ce qui suit quelques informations sur l’accidentalité des autoroutes allemandes à vitesse limitée ou illimitée.

– Ce qui semble ne pas faire débat est le pourcentage de tués sur l’ensemble des autoroutes tant françaises qu’allemandes : en 2017, il serait de 9% en Allemagne et 8% en France. Ces pourcentages sont très proches, mais correspondent à des situations très différentes. En effet, Il faut noter que, si les réseaux d’autoroutes allemands et français sont à peu près de même longueur, les circulations dans chaque pays diffèrent, tout comme les infrastructures, sans compter que les populations de la France et de l’Allemagne sont bien distinctes :  68,4 et 84,7 millions respectivement. De toute façon, ces pourcentages ne tiennent pas compte des différences entre les deux types d’autoroutes : vitesse limitée ou illimitée.

– En 2014, le Président du Conseil national de sécurité routière allemand évalue à :

« Au moins 25% de plus le nombre de tués sur les sections non limitées par rapport à celles qui sont limitées, levant en cela le tabou de la vitesse dans ce pays (voir note 18). »

– Wikipedia, à la rubrique Autobahn, écrit :

« En 2017, selon les autorités allemandes, les tronçons d’autoroutes sans limitation concentreraient « trois quarts » des décès, alimentant un débat sur une limitation de vitesse globale, que le journal Der Spiegel propose à 200 km/h, afin de réduire un « tourisme de la vitesse » »

 

– Journal du Dimanche (JDD), 24 août 2023 :

« Les autorités allemandes évoquent le fait que les trois quarts des tués sur l’autoroute ont péri sur des tronçons sans aucune limitation de vitesse, ce qui en ferait des axes plus risqués. »

 

– Gocar News, dans l’article du 12 mai 2024 :

https://gocar.be/fr/actu-auto/mobilite/vitesse-pourquoi-les-autoroutes-allemandes-sont-illimitees

« Naturellement, trois quarts de ces décès interviennent sur des portions illimitées, forcément plus accidentogènes. »

Gocar signale que « selon un sondage réalisé en 2023, 54% des Allemands interrogés se prononçaient pour une limitation. »

 

– Pondération n°133, décembre 2024 : « Autoroutes allemandes, fin d’un mythe »

Pondération fait état d’un article intitulé :

« Étude sur les effets d’une limitation générale de la vitesse dans le Land de Brandeboug »

Cette étude est ancienne puisqu’elle date de 2002, mais, comme il s’agit du comportement des usagers des autoroutes, cette ancienneté ne devrait pas jouer un rôle majeur dans ses conclusions.

Cette étude porte sur un tronçon de 62 km de l’A24 (dans le Land de Brandebourg) sur une période de 3 ans pendant laquelle la vitesse était illimitée, suivie d’une période de trois ans pendant laquelle la vitesse était limitée à 130 km/h. Le résultat est sans appel : le nombre d’accidents a été divisé par deux, passant de 654 à 337. Il est ajouté qu’une baisse du trafic observée sur les deux périodes pondère ce résultat et limite la baisse à 26% (au lieu de 50%).

En définitive, nous n’avons pas trouvé de références qui prouvent, à l’aide de résultats chiffrés, issus d’organismes de recueil de données reconnus, que la part des autoroutes à vitesse illimitée était aussi (sinon plus) sûre que celle à vitesse limitée.

[1] Dans une publication de la Sécurité routière du 8 janvier 2018 :
https://www.securite-routiere.gouv.fr/sites/default/files/2019-04/vma_allemagne.pdf
 on lit : « Entre les tronçons d’autoroutes « libres » et ceux ne l’étant qu’à certaines heures de la nuit (entre 23h00 et 6h00 du matin), c’est « seulement » 1/3 des autoroutes allemandes qui connaît une absence de VMA pour circuler. » (Références : Office fédéral allemand de la statistique : Statistisches Bundesamt (Destatis)).
Ainsi, la part des autoroutes à vitesse illimitée ne serait pas de 57%, mais de 33%. Difficile de s’y retrouver !

 

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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