La « suprématie » des hommes en accidentalité routière s’explique-t-elle ?

Les quelques pistes de réflexion qui suivent sont basées sur l’article paru dans Pondération n°132 (juillet 2024), lui-même issu des travaux de Béatrice Degraeve, Marie-Axelle Granier & Florent Voiré*.

  • La surreprésentation des hommes dans l’accidentalité s’expliquerait en partie par le fait que les hommes sont plus enclins à prendre des risques (concernant la santé, les finances ou les sports à risques) que les femmes.

 

  • La différence hommes-femmes se manifeste non seulement dans la prise de risque, mais dans la perception même du risque : un excès de vitesse précis ne serait pas perçu comme risqué par un homme, alors qu’il le serait par une femme.
    • Cette différence se retrouve très tôt, dès l’âge de 6
    • Les enfants pensent que les garçons ont moins de risque d’accident que les filles, et ce pour une même activité.
    • Les garçons estiment avoir moins de risque de blessure, ils les perçoivent comme moins graves et attribuent plus volontiers les accidents au manque de chance.
    • Ces différences dans la perception et la prise de risque se retrouvent à l’âge adulte, particulièrement chez les jeunes hommes, dans l’espace routier.

 

  • Quatre fois plus d’hommes que de femmes assument prendre des risques pour le plaisir en

 

  • La transgression des règles et la prise de risques sont étroitement liées, et ce particulièrement sur la
    • La tendance d’un individu à commettre des infractions routières peut être vue comme une conséquence de sa tendance à adopter des comportements à risque au volant.
    • Chez les hommes, les pertes, très majoritaires, de points de permis (65,4%) et du permis tout court (83,7%) sont la claire manifestation de cette transgression.

 

  • De nombreux auteurs pensent que le biologique et le social sont à l’origine des comportements précédents.
    • L’éducation au risque et la socialisation en général ne sont pas les mêmes chez les filles et les garçons. Lorsque l’enfant s’engage dans un comportement dangereux, les parents encouragent facilement les garçons et émettent plutôt des avertissements, voire des réprimandes, pour les
    • Les adolescents des deux sexes considèrent certains comportements à risque (tel que boire et conduire) comme plus acceptable pour les garçons.

 

  • Au-delà des effets du sexe biologique, la recherche de conformité à certaines croyances, aux stéréotypes masculins ou féminins, explique les comportements à risque des hommes comme des femmes.
    • Il semble bien que, dans l’espace routier, la conformité aux stéréotypes masculins favorise la prise de risque tandis que la conformité aux stéréotypes féminins les inhibe. En n’oubliant pas que l’explication la meilleure des comportements à risque reste la conformité aux stéréotypes masculins et pas le fait d’être un homme ou une femme à proprement parlé.
    • Pour les femmes, les attentes sociales privilégient la prudence et la conformité, ce qui concorde avec les attentes en tant que conductrices.
    • En revanche, les hommes font face à un dilemme : alors que la prudence et le respect des règles sont valorisés sur les routes, la prise de risque et la transgression des règles sont associés à la virilité.

 

  • Comment réduire l’accidentalité masculine dominante ? Il serait opportun de donner aux garçons adolescents des exemples de modèles masculins qui ne correspondent pas aux stéréotypes masculins concernant le risque et qui soient socialement bien reconnus comme correspondant à des hommes L’enjeu revient à dissocier masculinité et prise de risque ou de le contextualiser ailleurs que sur la route.
*Publié dans : Psychologie des transports et de la mobilité Presse universitaire de Nancy.

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