Le boîtier enregistreur de contexte d’accident alias « boîte noire »

ANATOMIE D’UNE BOÎTE NOIRE (EDR*)

Un enregistreur de données à but accidentologique sur les véhicules (EDR*) tel que le demande la Ligue depuis 20 ans est un dispositif permettant d’enregistrer les variables essentielles provenant des véhicules ou des actions du conducteur lors d’un accident (quelques secondes avant et après l’évènement) et à proposer des solutions techniques (véhicule, conducteur, infrastructure) destinées à éviter ce type d’accident ou à en réduire la gravité. * EDR : acronyme anglo-saxon pour «Event Data Recorder» (Enregistreur de données d’accident)

Claude CHABOT

Les objectifs d’une boîte noire accidentologique (EDR*)

➢ Mieux connaître un accident donné pour en déterminer les causes et en fixer les responsabilités.

➢ Mieux connaître les accidents pour aider à la conception de véhicules plus sûrs, améliorer les infrastructures et promouvoir la connaissance.

➢ Encourager des comportements vertueux et responsabiliser les conducteurs.

Quelles données enregistrer ?

❏ Elles peuvent être nombreuses et dépendent largement des arbitrages quant aux objectifs assignés (Cf page suivante l’exemple US). Si l’objectif est de

 mieux connaître les accidents et d’aider à former la vérité sur les faits (objectif historique de la Ligue), les données de mouvement seront privilégiées – mais non exclusives –, principalement :

❏ Vitesse sur une courte période pré et post accident (avant ralentissement, en amont du choc, au choc, et durant la phase d’échappement après choc).

❏ Variation de vitesse entre points permettant de déterminer le ralentissement (freinage).

❏ Mouvements du véhicule autour de ses 3 axes.

Le mieux ennemi du bien ? – Beaucoup d’autres données sont utiles à l’expert ou au magistrat instructeur. Mais il ne faudrait pas qu’à vouloir « tout savoir sur tout », la machine devienne tellement complexe qu’elle reste l’objet des seuls experts, et en limiterait l’usage quotidien. L’expérience montre que quelques données dans les domaines « Vitesse Freinage-Sortie de choc » – suffisent dans la plupart des dizaines de milliers d’accidents qui sont jugés chaque année.

Durée de l’enregistrement

Dans un accident, on distingue :

1 – La situation de conduite (conditions générales, amont accident)

2 – La situation d’accident (apparition d’un événement pouvant générer un accident, anticipation du conducteur)

3 – La situation d’urgence (l’événement va se réaliser, réaction du conducteur)

4 – La situation de choc et de post-choc immédiat (événement se réalise)

5 – La situation d’après choc (conséquences et traitement local) S’agissant d’une boîte noire accidentologique,

les § 2 à 4 qui n’excèdent généralement pas 10 secondes comportent les éléments mesurables qui permettront de répondre aux requêtes essentielles à la reconstruction de l’accident (ce qui n’exclut pas l’intérêt des autres données).

 

Comment obtenir les données ?

Les réseaux de communication embarqués des véhicules modernes (numérique, architecture modulaire, multiplexage, bus type CAN*) permettent le fonctionnement, le contrôle et la régulation du véhicule en captant les données fournies par les différents calculateurs et capteurs dédiés (ABS, ESP, sonde Lambda …). Ces données sont de nature et provenances diverses :

➢ Informations d’état : ex : « airbag désactivé » ou « feux stop allumés », « ABS actif » (…).

➢ Variables : ex. : vitesse, régime moteur, valeur de l’accélération (∓) sur une très courte période, richesse mélange carburant etc…).

➢ Des dispositifs spécifiques peuvent apporter des informations typiques de l’accident (ex. : mesure des accélérations dans les 3 axes du véhicule).

➢ Il est aussi possible de sélectionner dans le temps les données enregistrées : le principe est l’effacement glissant des données avant et après un instant « t » constituant un « événement » qui est caractérisé principalement par une forte variation de vitesse lors d’un freinage ou un choc. Ainsi par exemple, lors d’un choc, on gardera la mesure de vitesse sur une période allant de 15 secondes avant jusqu’à 10 secondes après.

➢ Des données captées dans l’environnement peuvent être enregistrées (température extérieure, données issues des systèmes anti-collision etc.)

➢ Le système GPS permet la géolocalisation du véhicule (applications professionnelles) ainsi que la mesure de vitesse de celui-ci à un instant donné.

Un exemple : quelques données primaires retenues par l’administration US en vue de la généralisation des EDR

Un système autonome : les caméras embarquées

Nous avons décrit sommairement cet outil dans le N° 98 de Pondération. Ces caméras constituent des systèmes autonomes, et ne sont pas liées à la « boîte noire » telle que décrite ci-dessus. Baptisées couramment « Dashcam », filmant vers l’avant du véhicule dans un angle de 100 à 120°, les plus abouties de ces caméras fournissent des informations extrêmement utiles restituables sur un ordinateur :

➢ Déroulement en visuel de la scène d’accident. Les informations visuelles proviennent de la caméra HD et sont enregistrées sur une carte classique (SD…) Certains modèles permettent l’enregistrement de l’habitacle, ou vers l’arrière du véhicule.

➢ Vitesse, variations de vitesse : les données « vitesse » et « accélération » sont issues du GPS et du calculateur gyroscopique intégré (la précision de ces modules permet de détecter de très petites variations de vitesse, comme le choc contre un piéton par exemple).

➢ Date, heure, géolocalisation : le GPS y pourvoit de manière précise.

Il existe désormais une offre importante de ces matériels pour toutes les utilisations routières : véhicules légers et lourds, motos. Pour un usage de preuve, l’utilisateur ayant un propre accès aux données enregistrées, il convient de savoir quelle crédibilité les magistrats accorderont à ce système.

 

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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