État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Rosario Gutiérez García, déléguée de Stop accidentes, communauté autonome de Castille-et-Léon
Le 7 août 2000, dans l’après-midi, un jeune conducteur perd le contrôle de son camion en descendant une route montagneuse qui va de Caviedes à Santander. Il percute quatre voitures, causant la mort de mon fls José Manuel, âgé de 23 ans, et blessant grièvement les deux amis de José Manuel, qui mourront plus tard : Paco se suicidera et Fernando survivra pendant deux ans. Un enfant de 10 ans, qui était dans une autre voiture, a subi des lésions cérébrales irréversibles. Seul le conducteur du camion, responsable de l’accident, s’en sort indemne.
Nous avons fait naufrage
Mon fils était étudiant en génie agricole. Il était grand et beau, avec ses yeux bleus et ses cheveux longs bouclés. Il était la bonté personnifiée, généreux avec ses amis, calme et joyeux. Ami des animaux et de la nature. Sa passion: quelques arbres plantés sur les exploitations familiales. C’était un écologiste convaincu, membre de Greenpeace. En grande empathie avec les autres, toujours prêt à aider et à collaborer. Il nous empêchait d’enlever les mauvaises herbes du jardin, car c’était le refuge de certains animaux. Sa vocation depuis l’enfance était d’être agronome.
Nous avons fait naufrage. Je n’étais pas en mesure de continuer à travailler. Maintenant je suis à la retraite, ma santé s’est détériorée, je n’ai plus d’énergie malgré le soutien de la famille. Mon
mari a également cessé de travailler et, pendant des années, il n’a pas été en mesure de parler de notre enfant ni même de le nommer. Moi, je me promène avec un masque pour continuer à vivre. Car ce n’est plus une vie, c’est autre chose, même si je viens de devenir grand-mère: mon fls serait devenu l’oncle de cet enfant. La cruauté nous entoure et ce monde semble mu par l’égoïsme et l’argent.
Enrayer cette pandémie
Je suis bénévole dans l’ONG Stop Accidentes: un militantisme qui me motive pour continuer à vivre. Mon fls l’aurait fait pour moi. La journée mondiale en mémoire des victimes a été le premier acte pour m’exprimer sur la place publique, nous étions la voix de nos enfants. En ce moment, je me bats pour essayer d’enrayer cette pandémie, éduquer les autres, car ce ne sont pas des accidents, ce sont des événements évitables, la plupart sont des crimes commis sur la route pour des raisons multiples. Mon fls n’est pas mort dans un accident. Mon fils a été tué
sur la route.
La justice ne nous a pas aidés. Le procès a eu lieu sept ans et demi plus tard, et ce fut une véritable farce. Le conducteur responsable a été condamné à 50 euros d’amende et le juge ne lui a pas retiré son permis de conduire, car il aurait perdu son emploi. C’était se moquer de nous, de notre douleur. Aucune information, aucun soutien d’aucune sorte pour les victimes et leurs familles. Nous étions impuissants, alors nous avons trouvé un appui avec Stop accidentes, qui débutait à cette époque. Rencontrer des parents qui ont partagé notre douleur nous a donné la force de continuer à vivre. Stop accidentes a été et est notre appui. Grâce à leurs exigences, les lois sont devenues moins permissives. Nous avons cependant besoin d’une réforme du système judiciaire, très lent et inefficace. Les juges n’appliquent pas la loi dans toute sa rigueur, il y a un manque d’éducation et de prise de conscience du risque au niveau de la société.
La mémoire de José Manuel est notre voix, chaque jour je pense à lui, la date de l’accident m’obsède. Le temps n’efface pas son image et sa mémoire est vivante et présente. La douleur fait mal.
État des lieux
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !