État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Article paru dans la revue ROUTE & MÉDECINE n° 548 de mai/juin 2019 rédigé par le Docteur Philippe Lauwick, Président de l’Automobile Club Médical de France et, par ailleurs, Président de la Commission Santé et Déplacements sur la route du conseil national de la Sécurité Routière (CNSR)
On m’a, ces dernières semaines, demandé à plusieurs reprises, quels devraient être les critères retenus par les présidents de conseils généraux pour relever la vitesse maximale autorisée de 80 à 90 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central.
Je n’ai pas la conviction que ceux qui posent la question voient l’incongruité qu’il y aurait pour un médecin à donner une « recette » valorisant l’effet d’une mesure dont on sait qu’elle va augmenter quoiqu’on fasse le nombre de morts et de blessés. Un peu comme si pour un médicament reconnu efficace contre une maladie grave, sans effet secondaire majeur ni surcoût induit, on nous demandait de réfléchir pour choisir une catégorie de patients auxquels on déciderait de ne pas le prescrire.
Faut-il, une fois encore, redire que la vitesse augmente la probabilité d’avoir un accident et systématiquement la gravité de celui-ci ? La diminution des vitesses de circulation est donc un moyen efficace de réduction des accidents. N’oublions pas que les routes bidirectionnelles sans séparateur central sont les plus mortifères : là réside la logique des experts qui les ont retenues pour la réduction de 10 km/h.
Il faut aussi cesser de prétendre que les « belles routes droites » ne devraient pas être concernées : elles sont indiscutablement, en raison de leur plus grande fréquentation et des vitesses plus élevées pratiquées, les plus dangereuses. C’est hélas parce que ces données sont contre-intuitives que trop de politiques populistes cèdent aux sirènes d’électeurs potentiels plutôt qu’à la raison.
Les démonstrations des vrais experts et les premières évaluations réalisées par le Cerema sont sans appel. Organiser la perte de chance face à la probabilité d’être tué ou atteint dans son intégrité corporelle est contraire à mon éthique. C’est pourquoi je refuse de répondre à l’interrogation qui m’est faite. Une dérobade ?
Que nenni, juste l’affirmation de ma conviction face à une mesure qui sauve toujours et partout des vies : la mienne, la vôtre peut être !
Dr Philippe Lauwick
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