Des corbeaux sur les réseaux

Ou comment le Grand Débat National a d’ores et déjà été pollué par des malfaisants

Suite aux cyber-harcèlements, aux injures, aux menaces et aux atteintes verbales dont a été victime notre association de bénévoles, nous avons suivi de près des groupes sur des réseaux (dits) sociaux (numériques). Nous y avons découvert des nébuleuses anti-étatiques, anti-démocratiques avec parfois des sites nationalistes hébergés dans la mer des Caraïbes !(1)

En haut de cette pyramide, ceux qui pratiquent la diffamation et le dénigrement s’avèrent être des profiteurs. Une pétition en ligne est une occasion pour récupérer quotidiennement des adresses, des données et finalement des deniers(2). Ces profils de clients peuvent encore être revendus à d’autres opérateurs. La proximité idéologique avec des libéraux/libertariens et des groupuscules identitaires a été constatée…

Parmi ces récupérateurs d’informations, des avertisseurs de radars signalent leurs mises à jour et récoltent aussi des bases de données par exemple sur les vitesses pratiquées par leurs utilisateurs. À deux reprises, grâce à un important travail de lobbying, ils ont pu échapper à une interdiction de signaler les contrôles routiers(3).

D’autres sites internet spécialisés dans les radars vandalisés utilisent des internautes pour faire la promotion de leurs sites web hébergés dans des paradis fiscaux !

Parallèlement, dans l’hexagone, des agences de communication font plier des gouvernements avec l’appui de plusieurs dizaines de salariés, des « fermes ou usines à trolls » chargés d’influencer les réseaux, la presse, les élus et d’autres associations. Ces puissants groupes de pression entretiennent sans scrupule le désordre public. Ils alimentent l’illusion de mouvements sociaux que l’État ne saurait arrêter. De manière concomitante, des acteurs du BTP mènent des actions pour défendre l’utilité de futurs chantiers d’envergure à plusieurs millions d’Euros. Dès le mois de novembre 2018, au début de la crise des gilets jaunes, ils semblent avoir obtenu gain de cause(4).

La sécurité routière dans le viseur
D’autres influenceurs les soutiennent grâce à des sites internet hébergés dans des pays limitrophes voire dans des pays anglophones ou russophones. Leurs interventions sont quotidiennes avec des éléments de langage prêts à l’emploi à insérer dans les forums du « Grand Débat National ».

Leurs actions rejoignent celles des corbeaux pressés, des mercenaires payés pour défendre coûte que coûte les dogmes de la vitesse et de la liberté individuelle sur la route. Vient s’y greffer le monde des circuits de compétition particulièrement remontés contre le 80 km/h sur les routes départementales ! Des revues automobiles spécialisées attisent également ces discours de haine. Dans cet univers cynique, le commerce autour des circuits passe avant les drames de la route.

Les réseaux asociaux sont aussi une belle tribune pour d’autres racoleurs : des juristes y font leur publicité grâce à des sites internet hébergés outre-Rhin ou depuis des cabinets luxueux dans les quartiers chics de Paris soi-disant pour défendre la ruralité ! Chaque intervention dans des médias populistes, quel que soit le message polémique, est pour eux une publicité gratuite. À une heure de grande audience, le passage à l’antenne n’en est que plus lucratif.

Parmi ces influenceurs, des partis politiques de droite et d’extrême droite, parfois d’extrême gauche sèment le trouble à l’ordre public en pratiquant la démagogie. Par exemple, sous couvert d’apolitisme, les débats sur le 80 km/h ont été pour eux un véritable levier pour attiser des colères en vue de préparer les prochaines échéances électorales. D’anciens coureurs automobiles en reconversion professionnelle leur ont emboîté le pas. Sous couvert d’expertise, ils tentent de vendre leurs conseils d’une époque révolue.

Le bruit haineux des corbeaux
Tout en bas de la pyramide, restent des « idiots utiles », seuls ou en groupes qui ont été « chauffés » pendant des années. Ils se partagent ces fausses nouvelles. Avec ces nuées de corbeaux, des complotistes et des climato-sceptiques distillent leur mépris via les réseaux plus ou moins fermés en discréditant les médias traditionnels. Ce sont des acteurs crédules. Ils ont été instrumentalisés comme certains manifestants opposés aux taxes (Les « bonnets rouges » en Bretagne) ou comme des groupes « colère ». Aujourd’hui ce sont des « Gilets jaunes ». Apolitiques en novembre 2018,
quelques-uns se retrouvent finalement candidats aux élections en janvier 2019 ! Des internautes les croisent dans des groupes anti-radars où il est de bon ton de faire l’apologie de la destruction. Ces corbeaux, flattés par des influenceurs depuis de nombreuses années, s’ennuient devant leur écran et croassent à longueur de journée. Leurs noms (avatars) parfois changent de quelques lettres. Ils s’amusent à multiplier les plumages. Ils avancent souvent masqués avec des comptes fictifs. Ces corbeaux créent de multiples « groupes privés ». Ce sont en fait de véritables passoires où la haine de l’autre déborde. Ces oiseaux de malheur cherchent à troubler l’ordre public en s’appuyant d’abord sur des faits d’actualité puis à susciter des commentaires haineux où la surenchère est une pratique quotidienne. Un article de presse contre une personnalité sert d’amorce pour détruire une réputation, propager des « fake-news », inciter au passage à l’acte de manière insidieuse et diffuser des adresses et des numéros de téléphones d’élus, de journalistes, de responsables associatifs. C’est ainsi que des anonymographes dérapent et incitent à pratiquer le harcèlement téléphonique. Certains se retrouveront un jour, seuls devant un juge. Les réseaux ont tendance à mettre ces internautes dans une bulle, à les isoler, à générer « l’entre-soi », à les conforter dans leurs illusions, quitte à les rassembler sur un giratoire, ou à les fédérer derrière une application web. Les forums de discussion nationalistes, hébergés outre France, ont tendance à les enfermer dans une sphère guidée par des algorithmes. L’outil informatique à tendance à amalgamer, à inciter les lecteurs à partager… tout et n’importe quoi.

Les forums du « Grand Débat National » sont finalement déjà pollués par toutes ces malfaisances alors même qu’une frange de la population n’a pas accès à ces outils informatiques.

 


(1) Le site whois.com (qui est) permet de repérer le lieu d’enregistrement et le nom du propriétaire d’un site web. Même si certains hébergeurs renvoient vers d’autres serveurs… Le site whopostedwhat.com (qui a posté quoi ?) permet de retracer l’historique des publications.
(2) D’après Médiacités de Lille du 27/04/2017 « Wasquehal : le business douteux du premier adjoint Jan Laarman » une adresse mail vaudrait 0,50 . Ainsi 100 000 adresses permettraient de générer 50 000 !
(3) Publié le 27/11/2018 « Les applications Waze et Coyote pourront continuer à signaler les contrôles routiers – Circulation – Déplacements La fronde des gilets jaunes a-t-elle mis un terme au projet du gouvernement de bloquer la possibilité des applications Waze et Coyote de signaler les contrôles routiers effectués par la police ou les gendarmes ? » PHILIPPE RIOUX
 https://www.ladepeche.fr/article/2018/11/27/2914533-applications-waze-coyote-pourront-continuer-signaler-controles-routiers.html
(4) « La ministre des transports assure qu’aucune décision n’est prise sur la vignette poids lourds » – « Elisabeth Borne explique dans un entretien au « JDD » qu’elle est toujours à la recherche de pistes pour trouver de nouvelles recettes pour financer les infrastructures routières ». […] La ministre a rappelé le lancement d’un « plan de désenclavement routier de 1 milliard sur dix ans ». « Ce sont des routes promises depuis des décennies, qui n’ont toujours pas vu le jour et qui alimentent le sentiment d’abandon » […]
 https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2018/11/25/la-ministre-des-transports-assure-qu-aucune-decision-n-est-prise-sur-la-vignette-poids-lourds_5388231_1656994.html?xtmc=borne&xtcr=1

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