Circulation des motos entre les files : bis repetita

Entre 2016 et 2018, une expérimentation a été réalisée dans 11 départements pour mieux connaître cette pratique. L’étude confiée au Cerema1 confirme les doutes que la Ligue contre la violence routière avait émis lors de son instauration.

Une accidentalité en hausse : + 22% 

Alors que l’accidentalité générale (France entière) des motocyclistes a peu varié entre les périodes de référence de l’expérimentation (2012-2014 et 2016-2018), avec même une tendance légère à la baisse, le rapport du Cerema indique que « l’accidentalité des 2RM sur les réseaux soumis à l’expérimentation CIF est globalement en hausse » : elle y a augmenté de plus de 12% alors qu’elle a baissé de 10% sur les routes des départements concernés. La CIF, c’est donc une augmentation moyenne de 22 % des accidents (+ de 50 % dans certains départements).

Ce rapport pointe aussi le faible respect des règles spécifiques2 (voisin de 0 % dans certaines régions), des vitesses trop élevées (de 41 à 70 km/h, – la moitié des motocyclistes en infraction à plus 55 km/h -, la circulation « en train » préjudiciable aux automobilistes, l’usage immodéré des feux de détresse, phares, klaxon, la « punition » des conducteurs qui ne « collaborent » pas …

Une seconde expérimentation !

En dépit des résultats alarmants qui permettaient de statuer rapidement sur cette expérimentation, une deuxième a été lancée à compter du 2 août 2021, pour 3 ans et sur 21 départements. Le motif invoqué3 pour passer outre les conclusions du Cerema – service de l’État – est « qu’il n’a pas permis de conclure à la généralisation ou à l’abandon du dispositif expérimental ». Ainsi, un important budget, des milliers d’heures de travail, une étude portant sur 3628 km de voies, 4 thèmes de recherche, 3 années d’expérimentation (5 suite à la prorogation de 2020), dans 11 départements, l’analyse de 4500 PV d’accidents, 2700 personnes interrogées, la mise en œuvre de nombreux moyens techniques et un rapport de 70 pages sont jugés « peu probants » et ne suffisent pas pour former une décision ? Que faut-il de plus ?

Le prix à payer

Il est indécent de spéculer sur une nouvelle expérimentation pour légaliser une pratique qui augmente l’accidentalité et la mortalité des motocyclistes dont le risque est déjà x 24 par rapport aux automobilistes. Ceci à charge de la collectivité. La DSR4 et l’État ne peuvent échapper à la lourde responsabilité d’une telle démarche : ils se doivent de justifier autrement que par des opinions non documentées ce qui fait défaut au rapport du Cerema et nommer précisément les raisons qui motivent cette nouvelle et très coûteuse séquence d’étude.

Les positions de Ligue contre la violence routière 

Opposée dès l’origine à la légalisation de la CIF, la LCVR maintient sa position en rappelant que :

➢ Cette pratique affiche un bilan routier défavorable et contribue à des relations difficiles entre usagers.

➢ Les dérogations dénaturent les règles fondamentales du Code de la route, et des obligations mal définies et illégalement contraignantes sont imposées aux autres usagers.

➢ La gestion courante du contrôle routier ne permet pas de faire respecter les règles dans les flux importants de circulation.

➢ De même, en cas d’accident, la constatation des faits est rendue problématique, voire impossible par le contexte routier et les conséquences judiciaires ne peuvent être traitées équitablement.

➢ Une stratégie de séparation du trafic dans les zones denses (création de voies dédiées) est beaucoup plus prometteuse que la légalisation des acrobaties motocyclistes au voisinage des rétroviseurs.

1 Cerema : Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.

2 Différence de vitesse avec le trafic, usage des voies, distances de sécurité.

3 Décret n° 2021-993 du 28 juillet 2021 

4 DSR : Délégation à la Sécurité Routière

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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