État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
( La Croix le 17/03/2018 par Antoine Peillon)
Alors que le nombre de morts sur les routes de France métropolitaine a augmenté de 5,9 %, en février, en comparaison du même mois de l’an dernier, Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, répond aux questions de La Croix.
La Croix : Après un court répit, la mortalité routière repart fortement à la hausse, comme de 2013 à 2017. Est-ce une fatalité ?
Chantal Perrichon : Nous sommes à un moment crucial. Les chiffres publiés vendredi par la Sécurité routière sont insupportables ! Ils sont le résultat de l’abandon d’une véritable politique de sécurité routière depuis au moins cinq ans, notamment par le gouvernement précédant celui d’Édouard Philippe, l’actuel premier ministre. Ils sont aussi explicables par l’effet catastrophique des discours critiquant toute politique de sécurité routière, discours démagogiques qui incitent à la transgression de toutes les règles.
Cependant, nous sommes très impressionnés, à la Ligue, par le courage politique du premier ministre qui, malgré des pressions politiques considérables et le manque de solidarité de certains membres de son gouvernement, ne cède pas sur la mesure annoncée, en janvier, d’abaisser de 90 km/h à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur quelque 400 000 km de routes secondaires, à partir du 1er juillet.
La limitation de vitesse décidée par le gouvernement est-elle à même d’enrayer l’aggravation de la mortalité routière ?
Chantal Perrichon : Le premier ministre actuel, comme le président Jacques Chirac en 2002, a décrété que la sécurité routière est une « priorité nationale ». Mais le contexte politique a changé. Aujourd’hui, à travers les réseaux sociaux, que je nomme en l’occurrence « réseaux antisociaux », et le harcèlement des journalistes, le lobby pro-vitesse sur les routes inonde l’opinion publique de fausses informations délirantes.
Malheureusement, cette propagande anti-limitation de la vitesse est relayée aujourd’hui par une instrumentalisation politicienne de cette mauvaise cause. Des partis qui ont connu une sévère défaite lors de la dernière élection présidentielle tentent de retrouver une certaine popularité en usant d’arguments populistes et démagogiques contre la limitation de vitesse, en faisant fi de toutes les expertises sur le sujet. Des personnalités politiques comme Marine Le Pen et Laurent Wauquiez en ont fait leur nouveau cheval de bataille. Nous sommes très choqués par cette indécence. De même, nous sommes surpris par le silence de Nicolas Hulot et de Gérard Collomb, dont les responsabilités ministérielles (écologie et intérieur) sont pourtant si importantes dans ce dossier.
Quelles sont les raisons objectives de cette mesure tant décriée par certains ?
Chantal Perrichon : Toutes les études sur la mortalité et l’accidentalité routières (il y en a des dizaines) démontrent que 55 % des accidents mortels ont lieu sur ce réseau des routes dites « secondaires », en milieu rural, mais qui sont aussi des axes à forte densité de circulation. Trop d’élus sont dans le déni de cette réalité et s’expriment pourtant en tant qu’experts du sujet… Des chiffres définitivement probants seront prochainement publiés par le gouvernement, car une équipe d’experts authentiques travaille, depuis août 2017, auprès du premier ministre.
Nous savons d’ores et déjà que la moitié des accidents graves ont lieu sur un dixième du réseau routier national. À la Ligue, cela fait au moins dix ans que nous demandions en vain cette nouvelle limitation de la vitesse à 80 km/h sur ces routes particulièrement dangereuses.
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Avec la mobilisation de tous, c’est possible !