Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
Le bilan du mois de juillet 2024 par rapport au mois de juillet 2023 présente plus d’accidents (+8%), plus de blessés graves (+5%) et moins de tués (-9,1%). Nous soulignons que ce mois de juillet 2024 avec 278 tués est quand même le mois de juillet pendant lequel il y a eu le moins de tués sur nos routes depuis 70 ans. Mais cette baisse reste très insuffisante pour atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de tués et de blessés graves pendant une décennie, ce qui implique une baisse moyenne annuelle de 6,7%, comme la France s’y était engagée. C’est-à-dire qu’il y ait moins de 1.745 tués et 8.500 blessés graves en 2027, à la fin des deux mandatures du Président Macron. On en est loin, et à compter de maintenant il faudrait une baisse moyenne annuelle de 19%. Depuis mai 2017 jusqu’à ce jour, le fait de ne pas avoir respecté cet engagement a coûté la vie à 3.275 personnes et des blessures graves à 16.325 personnes, de plus par rapport à cet engagement, soit l’équivalent d’une année d’insécurité routière.
L’insécurité routière : tous responsables, mais tous c’est qui ?
Dans le cadre de sa campagne de communication, la Sécurité routière sort un nouveau slogan qui est diffusé du 1er au 14 août : « La route nous rend plus libres, à nous de la rendre plus sûre » en soulignant que « 92 % des accidents ont une cause comportementale ».
Pour avoir une information plus complète, nous rappelons que l’accident est multifactoriel ou multicausal et que la notion de facteur déclenchant ou contributif est définie par le CEREMA comme « un élément (présence ou absence) ou un état spécifique d’un des composants du système Homme / Véhicule / Infrastructure et conditions de Circulation (HVIC) ayant joué un rôle dans la survenue de l’accident. Sans lui, la probabilité de survenue de l’accident aurait fortement diminué. ».
Autrement dit : parmi tous les facteurs qui contribuent à la réalisation d’un accident, il suffit qu’un d’entre eux ne se produise pas pour que cet accident n’ait pas lieu.
L’étude FLAM de 2021 (facteurs liés aux accidents mortels) montre que 92% des accidents mortels impliquent au moins un facteur quasi-certain et probable d’origine humaine, mais par ailleurs, précise que ces facteurs liés à l’infrastructure sont contributifs dans 30% des accidents suivis des facteurs véhicule dans 20% et conditions de circulation dans 18% de ces accidents.
Les usagers ne sont pas les seuls à devoir rendre la route plus sûre.
Les conducteurs
La vitesse est un facteur(1) présent dans 39% des accidents
En 2006 une équipe française de chercheurs présente le LAVIA (limiteur s’adaptant à la vitesse autorisée). C’est un système qui prévient le conducteur du dépassement de la vitesse autorisée et agit sur le véhicule pour respecter cette limitation. Ce dispositif est rendu obligatoire à partir du 7 juillet 2024 dans sa seule fonction d’avertisseur de dépassement de la vitesse autorisée ; sa fonction active est laissée à l’initiative du constructeur, à savoir très peu proposée. De plus le conducteur agacé par cette tutelle et voulant s’en libérer peut le désactiver à tout moment.
L’alcool est un facteur(1) présent dans 31% des accidents
Les éthylotests-anti-démarrage (EAD) sont au point depuis longtemps. À partir de 2015, ils sont obligatoires dans les autocars. Par contre les pouvoirs publics ne les ont toujours pas rendus obligatoires dans toutes les automobiles neuves. Ils ont seulement imposé un pré-équipement pour pouvoir en installer plus facilement en cas de condamnation du conducteur.
Des politiques démagogues
Cette pratique du « détournement » est connue, pour exemple nous rappelons la tartufferie de 2011. La France tente d’interdire les avertisseurs de radars. Le ministre de l’intérieur du moment, Claude Guéant, pour satisfaire les quelques fabricants de ces avertisseurs, décrète qu’il ne faut plus parler d’avertisseurs de radars, mais d’avertisseurs de zone de danger. De fait, ce détournement sémantique autorise les conducteurs à continuer de signaler les radars à leur communauté. Cette fourberie a contribué à l’augmentation du nombre de victimes de la route, et nous en subissons toujours les méfaits.
La malfaisance des lobbies
« L’enfer est pavé de mauvaises intentions », Ouest-France du 21 et 22 janvier 2006 a écrit cet article « En France, avec leur association « Entreprise et prévention » les alcooliers peuvent répéter leur discours « à consommer avec modération » tout en poussant les jeunes à boire, par tous les moyens permettant de contourner la loi Evin. : internet, images dans les films, sponsoring… » Il y a 30 ans : les industriels de l’amiante préconisaient une mise en œuvre « responsable » de l’amiante. Aujourd’hui : les alcooliers encouragent une « consommation responsable » des alcools. Aujourd’hui encore : les constructeurs automobiles et leurs amis dépendants prônent une « conduite responsable » des véhicules qu’ils ont délibérément conçus pour transgresser les limitations de vitesse. Tous ces discours urbi et orbi qui cherchent à culpabiliser les lampistes alors que sournoisement tous ces lobbies malfaisants incitent ces mêmes lampistes à transgresser l’interdit.
Toutes ces puissances économiques (alcool, automobiles,…) dépensent des sommes colossales.
Que d’hypocrisie chez ces communicants qui se louent à leur service »
Les gestionnaires des voiries
La visibilité est un facteur(1) présent dans 10%des accidents
Les masques à la visibilité constituent le principal enjeu en termes de facteurs liés à la visibilité : des éléments proches des voies tels que des murs, de la végétation, des mobiliers urbains, des panneaux de signalisation ou autres types d’équipements de la route, le stationnement de véhicules,…l’éclairage public notamment sur les passages piétons.
La lisibilité est un facteur(1) présent dans 7% des accidents
Elle comprend notamment les défauts de l’enchainement de courbes de rayons différents, la courbe serrée après un long alignement droit, l’intersection située après une courbe ou un point haut,…
Adéquation de l’infrastructure aux contraintes dynamique) est un facteur(1) présent dans 10% des accidents
Elle se manifeste très majoritairement par des pertes de contrôle liés aux caractéristiques de l’infrastructure (dévers, profil, adhérence…), à l’état de surface de la chaussée tout particulièrement une chaussée mouillée, à la présence de gravillons ou de corps gras ou le mauvais état de la chaussée.
Possibilité de récupération ou d’évitement est un facteur(1) présent dans 9% des accidents :
L’infrastructure ne permet pas les manœuvres d’évitement ou de récupération qui auraient permis d’éviter la survenue de l’accident : accotements de largeur insuffisante, nature de leur revêtement (herbe, boue…), la présence d’un obstacle (panneau, arbre…) dans la zone de récupération.
Les constructeurs des véhicules
Conception des véhicules est un facteur(1) présent dans 11% des accidents
La conception des véhicules est mise en cause dans 11 % des accidents mortels. Il s’agit de problèmes liés à la faible perceptibilité des deux-roues, aux véhicules inutilement puissants et rapides, aux angles morts, aux véhicules hauts de type 4×4, à la masse des PL….
L’erreur humaine est inévitable
La Sécurité routière, dans son slogan appelant les usagers à rendre la route plus sûre, fait encore une fois porter le fardeau de la sécurité aux usagers qui, par nature, peuvent faire des erreurs qui tiennent pour une part à ce que les concepteurs du système routier n’ont pas pu ou su prévoir et n’ont rien fait pour les prévenir ou en limiter les conséquences. La recherche des causes des accidents renvoie à des facteurs en interaction, qui concernent à la fois les hommes, leurs véhicules, l’infrastructure et l’environnement. Cette investigation permet de tendre vers l’objectif de la France « zéro tué et zéro blessé grave à l’horizon 2050 ». Cet objectif « Vision zéro » se construit sur une responsabilité partagée entre les intervenants du réseau routier et confie aux concepteurs la plus grande des responsabilités : assurer sans cesse la sûreté des routes urbaines et rurales.
Cette approche accepte que les usagers commettent des erreurs.
(1) facteur quasi-certain ou probable
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