Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
LIGUE CONTRE LA VIOLENCE ROUTIERE
Analyse de la mortalité routière de février 2024
N’oublions pas que la France s’est engagée à réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves en 10 ans, ce qui implique une baisse moyenne annuelle de 6,7%. En conséquence, à la fin de la décennie des présidences d’Emmanuel Macron (mai 2017-mai 2027), il devrait y avoir moins de 1.745 tués et 8.740 blessés graves. Nous rappelons que depuis mai 2017, la baisse moyenne annuelle n’est que 1,7%, et que depuis l’arrivée de la générale Florence Guillaume à la direction de la sécurité routière en septembre 2022, cette baisse est de 3,5%. Pour réaliser cet objectif, compte tenu des résultats, à compter de ce jour il faut une baisse moyenne annuelle de 22% ! Avec une baisse sur ces 12 derniers mois de 2,18%, on est loin du compte. Le fait de ne pas avoir tenu l’objectif ce sont près de 4.000 vies qui n’ont pas été sauvées et 20.000 blessés graves qui n’ont pas été épargnés depuis mai 2017. Malgré ce bilan catastrophique, la déléguée interministérielle conclut le communiqué de presse de la Sécurité routière (13 mars 2025) « Poursuivons ensemble l’objectif d’un partage apaisé de la route pour que le bilan d’accidentalité des prochains mois s’inscrive dans cette dynamique encourageante. » Pour justifier « cette dynamique encourageante » elle se réfère à l’année 1954, alors qu’il y avait 1,6 million de voitures contre 40 millions aujourd’hui.
Moins de 1.745 tués en mai 2027 : encore un objectif qui ne sera pas réalisé. On a déjà vu des engagements non tenus : le 18 février 1998, le ministre des transports, Jean-Claude Gayssot, annonçait sa volonté de diviser par deux le nombre de tués en 5 ans : 8.434 personnes tuées pendant les 12 mois précédant son arrivée en 1997, et 7.655 à son départ en 2002, soit une baisse moyenne de 1,7% par an !
Il a fallu l’engagement du Président Chirac du 14 juillet 2002, le renoncement à la démagogie et l’adoption de mesures très fortes (fin des amnisties présidentielles, fin des indulgences vis-à-vis des PV, mise en œuvre des radars, etc.), et 10 ans plus tard 3.760 personnes tuées, soit une réduction de moitié en 10ans. C’est un grand paradoxe pour des mesures aussi coercitives : 80% de la population ont adhéré.
Réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves en 10 ans.
C’est possible ……..
Quand il y a une volonté au plus haut niveau !
Calendrier des foires aux vins du printemps :
Les foires aux vins d’automne se déroulent de fin août à fin octobre.
En France, 5 mois de foire aux vins par an !
Dernière nouvelle : les députés ont adopté un texte pour faciliter l’installation des bistrots et cafés servant des alcools forts dans les villes de moins de 3.500 habitants qui en sont dépourvues. !!!
Les français de plus de quinze ans ont consommé en 2019 en moyenne 11,3 litres d’alcool pure par personne (18 litres pour les hommes, 5,1 litres pour les femmes). La France est le 14ème pays le plus consommateur au monde. (OMS rapport européen sur la santé 2021).
Parmi la population active occupée, 19,8% des hommes et 8% des femmes ont une alcoolisation ponctuelle importante au moins 1 fois par mois. Les inactifs ont deux fois plus d’addiction à l’alcool que les actifs. (MILDECA mars 2021 « Les conduites addictives de la population active)
La dégradation de la vigilance, le rétrécissement du champ visuel, la mauvaise perception des distances, l’effet désinhibant de l’alcool sont de plus en plus importants au fur et à mesure de l’imprégnation alcoolique. Même à faible dose, l’alcool perturbe le fonctionnement du cerveau. Dès 0,2 g par litre de sang, les réflexes sont diminués et la vision est légèrement altérée. Ces faibles alcoolisations entraînent un sur-risque notable de 2,7[i] qui représente un enjeu non négligeable de 3%, soit plus de 100 personnes tuées chaque année. Nous rappelons que le Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) avait, le 9 juillet 2007, recommandé d’abaisser le taux légal d’alcoolémie de 0,5 g/l à 0,2g/l afin de prendre en compte le sur-risque des faibles alcoolisations et de ses conséquences. Mais par crainte que l’opinion publique oppose le discours des spécialistes en alcoologie et accidentologie aux revendications des viticulteurs, producteurs et distributeurs, opérateurs économiques, nos politiques ont décidé d’appliquer ce taux à seulement quelques usagers : les conducteurs titulaires d’un permis probatoire, les élèves conducteurs, les conducteurs de véhicules de transport en commun et les conducteurs soumis à l’éthylotest antidémarrage (EAD). L’application homéopathique de la façon dont cette mesure est appliquée apparaît paradoxale dans la France qui s’est engagée dans la « vision zéro ».
Le parlement suédois vote en 1990 un abaissement de la limite légale à 0,20 g/l.
Mais faut-il rappeler que la Suède est championne du monde de la sécurité routière. Elle mène une guerre sans pitié contre l’insécurité routière et les comportements dangereux au volant, à l’aide de politiques “tolérance zéro”. Les Suédois appliquent des règles très strictes en termes d’alcoolémie au volant et de respect des limitations de vitesse, avec des sanctions lourdes en cas de manquement à celles-ci. L’amende moyenne pour une alcoolémie est de 2.000 €.
En Suède, les amendes sont très souvent calculées en fonction du revenu du conducteur, de façon à ce qu’elles soient dissuasives, quels que soient les revenus de celui-ci. Un conducteur millionnaire qui roulait à 26 km/h au-dessus de la limite autorisée s’est vu appliquer une amende de 54.000 €, ce qui serait impensable en France. Le gouvernement suédois s’assure donc que les amendes dissuadent tous les conducteurs, et pas seulement ceux aux revenus moyens voire faibles.
Les accidents impliquant de l’alcool sont plus graves que les autres : le nombre de personnes tuées pour 100 blessés hospitalisés est de 23 pour les accidents avec alcool contre 10 pour les accidents sans alcool.[ii]
On estime à 2,7%[iii] la part des conducteurs circulants qui dépassent la dose légale dans la circulation.
Le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié en moyenne par 17,8[iv] chez les conducteurs alcoolisés.
La part des accidents mortels qui seraient évités si aucun conducteur ne dépassait le seuil réglementaire d’alcool, 0,5 g/l, est estimée à 28%[v].
La sécurité routière rappelle les effets engendrés par les drogues sur les conducteurs :
L’actualisation en 2016 de l’étude SAM (Stupéfiants et Accidents Mortels) montre que 3,4%[vi] des conducteurs circulent sous l’emprise du cannabis, 0,2%[vii] sous amphétamines, 0,1%[viii] sous cocaïne et 0,9%[ix] sous opiacés. Le risque d’être responsable d’un accident mortel associé à la conduite sous cannabis est multiplié par 1,65[x].
Il est important de signaler que parmi les conducteurs circulants sous influence du cannabis, un sur deux est également sous influence de l’alcool (alors que 20 % sous influence alcool sont aussi sous influence cannabis). Le cocktail drogues/alcool multiplie par 29 le risque d’être responsable d’un accident mortel. En cause : le cumul des effets des sentiments de puissance et désinhibition, conjugués à l’amoindrissement des réflexes.
La part des accidents mortels qui seraient évités si aucun conducteur n’était positif :
Un nouveau radar est testé sur les routes du Devon et des Cornouailles (Royaume-Uni) pour détecter plusieurs infractions, comme l’utilisation du téléphone au volant ou le non-port de la ceinture de sécurité ou la conduite en état d’ébriété et sous stupéfiant. Dans le détail, ce système utilise un ensemble de caméras et l’intelligence artificielle pour analyser en temps réel le comportement des véhicules. Il repère les signes pouvant indiquer un état d’ébriété comme :
Un comité des forces de l’ordre accueille les véhicules « suspects » et vérifie la consommation d’alcool et de stupéfiants des conducteurs. Voici donc un moyen plus efficace de cibler les conducteurs en infraction plutôt que d’effectuer des contrôles aléatoires. De plus, le radar est fixé sur une remorque, donc mobile et facilement déplaçable, les premiers résultats semblent encourageants.
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[i] (2,7 sur-risque) Voir Ligue contre la violence routière : l’alcool au volant
https://www.violenceroutiere.fr/nos-positions/sur-les-comportements/lalcool-au-volant/
[ii] (10-23) Voir https://www.securite-routiere.gouv.fr/dangers-de-la-route/lalcool-et-la-conduite
[iii] (2,7%) Voir Ligue contre la violence routière : l’alcool au volant
https://www.violenceroutiere.fr/nos-positions/sur-les-comportements/lalcool-au-volant/
Voir SAM
Actualisation des principaux résultats de l’étude SAM – Stupéfiants et Accidents Mortels (ActuSAM)
https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2023-11/field_media_document-4722-doc_num–explnum_id-10200-.pdf – page 140
[iv] (17,8) Voir ActuSAM pages 4 – 29
https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/sites/default/files/2019-03/Livrable%20ActuSAM7Nov2016.pdf
[v] (28%) Voir ActuSAM pages 4 – 34
[vi] (3,4%) Voir ActuSAM ; page 4
[vii] (0,2%) Voir Ligue contre la violence routière : Les stupéfiants
[viii] (0,1%) Voir Ligue contre la violence routière : Les stupéfiants
[ix] (0,9%) Voir Ligue contre la violence routière : Les stupéfiants
[x] (1,65) Voir ActuSAM ; pages 4 – 29
[xi] (4,2%) Voir ActuSAM ; pages 4 – 29
[xii] (0,7%) Voir ActuSAM ; pages 4 – 29
État des lieux