Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
LIGUE CONTRE LA VIOLENCE ROUTIERE
Analyse de la mortalité routière de décembre 2024
Chaque année dans le monde, 1,2 million de personnes meurent sur les routes et 50 millions sont gravement blessées. Les accidents de la route sont la cause n°1 mondiale de décès chez les enfants et les jeunes adultes (5-29 ans). Plus de la moitié des décès sur la route concernent les usagers de la route vulnérables : piétons, cyclistes, et motocyclistes.
« Les accidents de la route constituent une « pandémie silencieuse » a dit Jean Todt, envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière, le 16 janvier à Paris, lors du lancement en France de la campagne mondiale des Nations Unies « Mon Conseil Sécurité ». Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’action pour la sécurité routière 2021-2030, visant à améliorer la sécurité routière mondiale avec un objectif : réduire de moitié le nombre de victimes de la route d’ici 2030.
La France métropolitaine est loin d’être épargnée avec 3.190 décès et 15.800 blessés graves en 2024, avec un taux de mortalité de 5,1 décès pour 100 000 habitants et sans amélioration depuis 10 ans. Ce triste résultat montre le retard de la France au regard de la Suède et du Danemark qui ont respectivement 2,2 et 2,6 décès/100.000 habitants. Pour atteindre l’objectif de moins de 1.622 tués en 2030 et une mortalité comparable à celle de ces pays nordiques il faudrait une baisse annelle de 11%. Pendant ces 50 dernières années, hormis la période du covid, une telle baisse n’a été réalisée que 3 fois (1974 avec -13,6%, 2003 avec -20,9%, et 2008 avec -11,2%). La réalisation de cet objectif est une véritable gageure que nos politiques devront enfin relever. Ce ne fut pas le cas cette dernière décennie, au contraire, obnubilés par « l’inacceptabilité sociale » ils ont poussé la complaisance à l’égard de leurs électeurs jusqu’à prendre des mesures qui portent préjudice à la sécurité routière, exemples :
Est-ce vraiment au président de trancher la question de savoir comment on peut payer l’autoroute ? Il a mieux à faire, à commencer par exiger une feuille de route avec des actions concrètes permettant d’atteindre l’objectif auquel s’est engagé la France « zéro tué et zéro blessé grave en 2050 »
Cette liste n’est pas exhaustive, tous ces faits démontrent la gouvernance démagogique des présidences Hollande et Macron, c’est une des causes de la stagnation de la mortalité (En métropole 3.268 tués en 2013 et 3.190 en 2024).
L’alcool est un facteur présent dans 30% des accidents mortels
« Ces dernières années, les trois-quarts des accidents mortels du 1er janvier avaient un facteur alcool » déplore la déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Florence Guillaume le 31-12-2024 sur Franceinfo « Les Français sont très conscients aujourd’hui des dangers de prendre la route en étant alcoolisés, mais pour autant, il y a une forme de déni sur le 31 décembre, où on a tendance à s’autoriser un peu….Il y a une vraie vigilance individuelle et collective à avoir. On ne laisse pas partir quelqu’un qui a trop bu et on ne pousse pas non plus quelqu’un à boire, c’est ça la bienveillance mutuelle. » Cet appel à la vigilance mutuelle « Quand on tient à quelqu’un, on le retient », relève davantage de l’incantation pieuse ou aveugle, que d’une politique digne de ce nom. En 2023, l’alcool au volant c’étaient 944 personnes tuées et 112.648 délits constatés par la police. Le traitement de ce fléau ne relève pas du slogan humanitaire mais mérite une véritable remédiation telle l’éthylotest-antidémarrage.
Les EAD ont été introduits aux USA en 1986. En 1998, la Suède a voté un texte les autorisant. En Haute-Savoie entre 2004 et 2011, le Dr Mercier-Guyon a piloté une expérimentation avec des éthylotests antidémarrage dans le cadre de peines alternatives aux poursuites judiciaires pour alcoolisation délictuelle au volant (plus de 0,8 g/l de sang). Il a mesuré l’efficacité de cette sanction avec de très bons résultats, et en conclut « On devrait tous s’équiper. Quand on sort le soir, même si l’on a prévu de ne pas conduire, une fois ivre, les bonnes résolutions sont oubliées ».
Il y a encore loin de la coupe aux lèvres
Depuis le 1er janvier 2010, l’EAD est obligatoire dans les cars transportant des enfants et à partir du 1er septembre 2015 dans les autocars affectés au transport de personnes. Par contre seul un pré-équipement est imposé dans les automobiles neuves à compter du 7 juillet 2024 pour pouvoir en installer plus facilement en cas de condamnation du conducteur.
Nous regrettons que l’EAD imposé aux conducteurs délictueux par le préfet (article R.224-6 code de la route) comme alternative à la suspension du permis de conduire ainsi que par décision judiciaire (articles L 234-2 et R 234-13 du code pénal) soit très peu utilisé.
Certains conducteurs souffrent d’une véritable addiction, un PV ne change rien. Pour ces derniers, nous attendons toujours la mise en œuvre de la mesure 11 du Comité Interministériel de Sécurité Routière (CISR) du 9 janvier 2018 : « Rendre obligatoire la pose d’un éthylotest anti démarrage (EAD) avec suivi médico psychologique en cas de récidive d’infraction de conduite en état alcoolique. »
« Vision zéro victime » implique « zéro impunité » donc l’EAD pour tous
Enfin ce serait une excellente nouvelle que la Délégation à la Sécurité Routière, dans le cadre de son engagement « vision zéro », mette en œuvre l’éthylotest antidémarrage pour tous.
Bilan de la sécurité routière en métropole
Depuis mai 2017, la première élection du Président Macron
De l’année 2024
Changer de paradigme
Toujours aucun progrès, et cependant François-Noël Buffet, ministre auprès de celui de l’Intérieur Bruno Retailleau, note qu’en restant sous la barre des 3 200 tués dans l’Hexagone, les résultats « sont encourageants » mais qu’il « est de notre responsabilité collective d’agir pour réduire ces drames humains ». « Nous devons tous, conducteurs, cyclistes, piétons et usagers de trottinettes, adopter un comportement responsable, respecter les règles de sécurité », est-il cité dans le communiqué. Comment ose t’il qualifier d’encourageante cette hausse de 0,7% du nombre de personnes tuées alors que c’est une diminution d’au moins 21% qu’il aurait dû commenter pour que l’Etat français respecte son engagement ? Oserait-il utiliser ce terme en s’adressant à des victimes en direct ? Cet avocat, même après 20 ans de sénateur ignore que la France a signé les déclarations européennes de La Valette en 2017 et de Stockholm en 2020. Ainsi, elle s’est engagée à long terme dans la « vision zéro » qui se construit sur une responsabilité partagée entre les intervenants du réseau routier et confie aux concepteurs la plus grande des responsabilités : assurer sans cesse la sûreté des routes urbaines et rurales. Cette approche accepte que les usagers commettent des erreurs.
Monsieur le ministre, il vous faudra changer de paradigme : ce n’est plus à l’être humain de s’adapter au trafic routier, mais c’est au trafic routier de s’adapter à lui. Cela implique que les routes et les véhicules doivent être adaptés pour que l’usager de la route ne soit pas en situation, malgré les erreurs qu’il peut commettre (droit à l’erreur), d’être en danger et d’avoir un accident.
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