Analyse bilan de sécurité routière septembre 2020

Comme le montre la courbe, la baisse de la mortalité sur la route que nous connaissons depuis le début de l’année est liée à la pandémie.

Le poids des lobbies

Le département de la Loire-Atlantique gère le dossier « sécurité routière » de manière tout à fait correcte : il a décidé de ne pas revenir sur le 80 km/h. À la mi-juillet, il a installé des panneaux pour alerter sur les dangers de la vitesse, du téléphone et aussi de l’alcool au volant. Ces derniers, pour évoquer le risque alcool représentent un verre au-dessus d’une voiture effectuant une sortie de route, objectif : représenter le verre de trop. Mais dans le pays du muscadet, des professionnels du vin ont pris ça comme une agression et jugé que les panneaux stigmatisaient la consommation de vin. Philippe, viticulteur « En plein milieu du vignoble c’est quand même une attaque frontale à notre profession. J’ai l’impression qu’on est en train de casser notre travail de promotion. ». De son côté, Charlotte Luquiau, conseillère départementale du secteur a été  « étonnée de voir ce panneau sur l’alcool dans la capitale du muscadet ». La fédération des vins de Nantes estime que ce panneau « laisse penser qu’un verre de vin conduit à un accident. Le choix de ce pictogramme est maladroit. L’unité de mesure est fausse. La limite fixée par la loi est de 0,5 g d’alcool par litre de sang. Même si ce taux varie en fonction du sexe et du poids de chaque personne, il correspond plutôt à deux ou trois verres de vin. ».

Il faut rappeler que près d’un quart des adultes, soit plus de dix millions de Français, consomment trop d’alcool. «Comparée aux autres pays européens, la France est en mauvaise position », explique Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne française. La part des décès attribuables à l’alcool parmi les hommes (13 %) est ainsi bien supérieure en France à celle qui est observée dans d’autres pays comme la Suisse (5 %), l’Italie (3 %) et le Danemark (1 %). « En France, on croit que l’alcool est le problème d’une petite minorité. Or, ce n’est pas le cas si l’on regarde bien les chiffres, souligne la chercheuse. Selon une étude britannique, la consommation optimale est de 0,5 verre par jour, c’est dire si les Français sont loin du compte. »

Devant cette mauvaise polémique menée par ce lobby très puissant, la Loire-Atlantique, département soucieux de la sécurité des usagers de la route, a dû retirer ces panneaux de prévention qui n’attaquent personne, à part l’abus d’alcool qui, en France, tue 41.000 personnes par an, dont 1052 sur la route en 2019 (soit 32% des tués).

Les feux intelligents

Ce sont ces feux qui sanctionnent, en passant au rouge, les usagers qui circulent à une vitesse élevée en traversant un village, ou passent au vert lorsque les véhicules respectent la vitesse maximale autorisée. Ils sont utilisés depuis de nombreuses années dans certains pays voisins, comme l’Allemagne. Les premiers en France ont été mis en place dans les années 90. Ils intéressent de plus en plus les maires des communes qui cherchent des solutions afin de réduire la vitesse des automobilistes. En 2005, le CETE Méditerranée a constaté à Vif, un village de l’Isère, que le pourcentage d’excès de vitesse était passé de plus de 80 % à 35% après l’aménagement de ces feux et la vitesse moyenne des véhicules passait de 60 km/h à 46 km/h. Il concluait que ces feux semblent être le moyen le plus simple et le plus rapide à mettre en place pour remédier aux problèmes de vitesse élevée rencontrée dans les entrées d’agglomérations ou dans la traversée de petites localités qui engendre un sentiment d’insécurité chez les riverains. Par ailleurs il signalait que d’une part, ce type de fonctionnement ne garantit pas un bon niveau de sécurité des traversées piétonnes car les piétons traversent sans utiliser les boutons d’appels et d’autre part, le système engendre des effets pervers dangereux des automobilistes connaissant le système : accélération, contournement des détecteurs de présence et franchissement des feux au rouge. Pour compléter son étude, le CETE proposait que soit mesurés le taux d’infraction à la vitesse, le taux de non-respect des feux et étudiés les comportements des usagers.

Le 17 septembre dernier, au Sénat, Gérald Darmanin rappelle que l’utilisation de feux asservis à la vitesse n’est pas conforme à la réglementation actuelle : les feux ont pour rôle de gérer la circulation et non la vitesse des automobilistes. Et le ministre se fait clair dans sa réponse en indiquant que les collectivités qui ont déjà implanté ce genre de feu doivent leur redonner un usage de feu de circulation ou les éteindre. L’utilisation d’un équipement de signalisation non conforme engage leur responsabilité en cas d’accident.

Alors que depuis près de 25 ans, les maires ont de bonne foi installé ces feux illégaux dans leur village pour protéger leurs administrés, le gouvernement lance enfin une expérimentation « officielle » sur une départementale dans le Nord (au Vieux-Mesnil), pour mesurer l’efficacité du système dans l’optique de faire évoluer la réglementation pour régulariser ces feux. L’expérimentation va notamment analyser le taux de feux rouges grillés et le comportement des conducteurs quand le feu passe au vert ou reste au rouge, comme le proposait le CETE il y a 15 ans.

Pour résoudre, à la satisfaction des maires, cet épineux problème du respect des vitesses autorisées dans les traversées d’agglomérations, nous suggérons au Ministre de sortir du fond des placards du ministère le LAVIA (Limiteur s’Adaptant à la Vitesse Autorisée) qui y séjourne depuis 2006.

 

 

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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