Analyse bilan de sécurité routière septembre 2019

Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les écoutent
En novembre 2012, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, fixe un objectif : « passer sous la barre des 2 000 morts en 2020 », soit une baisse moyenne annuelle de 7%. Au regard des
résultats obtenus par le président Jacques Chirac pendant son 2
ème mandat (2002-2007), une baisse moyenne annuelle de 10%, cet objectif était tout à fait réaliste. Manuel Valls, lui-même
en tant que ministre de l’Intérieur ayant en charge la sécurité routière et Frédéric Pechenard,

Délégué interministériel à la sécurité routière, tiennent cet engagement avec une baisse de 8% (voir la courbe de mai 2012 à mars 2014). Leurs successeurs, Bernard Cazeneuve, ministre de
l’Intérieur, et Emmanuel Barbe, Délégué interministériel à la sécurité, sous couvert d’une expérimentation irréaliste, enterrent une mesure que l’on sait efficace : le 80 km/h. Depuis 5 ans, il n’y a plus d’amélioration : 3268 tués en 2013, 3248 tués en 2018. C’est la dérive, le laisser-aller et maintenant la défiance : le saccage des radars se poursuit. Cet objectif ne sera pas atteint. C’est un échec de nos dirigeants actuels et de leurs prédécesseurs. À ce jour il y a 4.500 tués de plus que l’objectif prévu (voir le graphique ci-dessous). Pour mémoire, nous rappelons qu’en 1997 un autre ministre, Jean-Claude Gayssot, avait promis une baisse de 50% de la mortalité routière en 5 ans. Bilan : 8464 tués en mai 1997, 8274 en mai 2002 !

Actuellement, tous nos politiques et médias ont d’autres préoccupations que les 3.300 morts et 70.000 blessés annuels. Tous ont oublié les plus de 700.000 tués sur nos routes depuis la Libération. Tous parlent de sécurité sanitaire, de Seveso, des attentats, du climat, .., mais oublient l’insécurité routière et ses 9 tués chaque jour qui ne sont que des faits divers liés à la
vie de tous les jours et ne présentent aucun caractère remarquable.

Le retour à l’obscurantisme
Le contexte politico-social du moment ne facilite pas l’engagement de notre Premier ministre dans son combat contre l’insécurité routière. Sous la pression scandaleuse de son opposition
politique et le non-engagement du président de la République, il a dû céder aux potentats locaux la possibilité de revenir à leur gré aux 90 km/h sur les routes de leur choix. Ainsi, le vendredi 27 septembre, le président du conseil départemental de l’Orne, Christophe de Balorre, déclare que la limitation de vitesse à 80 km/h est une «
contrainte forte imposée à nos territoires» qui «n’améliore pas la sécurité routière». Les élus de sa majorité (de la droite et du centre) ont voté le principe de relèvement de la limitation de vitesse à 90 km/h sur les principaux axes de circulation (2 400 km) (Ouest France 28-09-2019).

Tous ces élus, forts de leur croyance, bravent la connaissance des experts au prix de la vie de plus de victimes. C‘est le retour à l’obscurantisme du 17ème siècle qui condamnait Galilée pour son « excès de foi…scientifique ».

L’insécurité routière : un gâchis humain, un gâchis économique
L’insécurité routière coûte 44,1 milliards d’euros à la collectivité (ONISR bilan de l’accidentalité de 2018, page 23). Épargner 350 vies et dix fois plus de blessés, c’est-à-dire diminuer l’insécurité routière de 10%, ce que le « 80km/h » rend possible, permettrait à la collectivité de réduire d’autant ce gâchis économique au profit de l’amélioration du pouvoir d’achat des plus démunis. Cet argument, parfaitement documenté y compris par les services de l’État, pour maintenir le 80km/h sur toutes les routes bidirectionnelles sans séparateur central n’a pas retenu l’oreille de tous les décideurs. Nous le déplorons.

 

 

 

 

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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