Analyse bilan de sécurité routière mars 2022

 

Les progrès de la protection des passagers et des usagers vulnérables, des aides à la conduite, l’amélioration du réseau routier et toutes les mesures du passé qui continuent à produire des effets permettent une diminution de l’insécurité routière d’environ 3% en moyenne annuelle1. La baisse de seulement 2,3% par an de la mortalité, pendant cette mandature présidentielle, confirme qu’aucune mesure n’a été mise en œuvre pour renforcer la tendance de cette diminution « naturelle » précitée.

1 Voir le rapport des experts du CNSR du 29-11-2013

Chaque année, l’assureur Axa fait un tour d’horizon sur le comportement des usagers de la route. Il en ressort que :

  • les excès de vitesse en ville remontent en flèche chez les automobilistes,
  • à pied, en trottinette, à vélo, en voiture ou en poids lourd, les Français sont ultra-connectés, ils utilisent toujours plus leur smartphone.

1 – Excès de vitesse en ville

Le concept «ville 30», désormais adopté par 250 communes, est foulé aux pieds par les automobilistes. C’est en ville que l’on retrouve le plus grand nombre de dépassements des limitations des vitesses maximales autorisées :

  • 72% des automobilistes disent rouler entre 40 et 50 km/h dans des zones 30 et à 90-100 km/h sur une route limitée à 80 km/h et ne pas réduire la vitesse par temps de pluie (+9% en 1 an),
  • 32 % des automobilistes ont répondu qu’il leur arrivait de rouler à 65 km/h en ville, (+5% en 1 an)

D’une manière générale, 79% déclarent faire des excès de vitesse, quel que soit le type de route.

2 – Téléphone au volant

Téléphoner au volant, tenu en main ou kit mains-libres, c’est :

  • une augmentation significative des temps de réaction,

  • une augmentation de la charge mentale,

  • une moins bonne appréciation et perception des situations,

  • une modification du comportement visuel,

  • une altération de l’attention allouée à la conduite : le conducteur perd entre 30 et 50% d’informations sur la route,

Une étude américaine a démontré que lorsque l’on écrit « je suis en retard, j’arrive dans 10 minutes», on baisse les yeux durant une minute. (À 30 km/h, pendant 1 minute on parcourt 500 m !). Passer un appel avec ou sans kit mains libres multiplie par trois le risque d’accident. Un chiffre qui passe à 23 en cas de lecture d’un SMS.

Téléphoner avec ou sans kit mains libres c’est 10% des morts. Les usagers de la route utilisent de plus en plus le téléphone ou les distracteurs technologiques.

Les automobilistes :

  • 80% utilisent leur smartphone au volant (+11% en 1 an),
  • 52% passent des appels (+8% en 1 an),
  • 45% paramètrent leur GPS en conduisant (+12% en 1 an),
  • 34% lisent ou écrivent des SMS (+10% en 1 an),
  • 24% consultent leurs notifications (+11% en 1 an) et 8% publient des stories sur les réseaux sociaux,
  • 15% envoient des emails et 6% participent à une réunion de travail.

Les cyclistes ne sont pas en reste, 72% utilisent le téléphone en roulant. Quant aux utilisateurs de trottinettes, ils figurent parmi les plus gros consommateurs de smartphone en roulant. 84% d’entre eux reconnaissent appeler. Ils arrivent en deuxième position derrière les piétons, les plus connectés de tous avec un taux de 90%.

Bien que les constructeurs sachent que le téléphone au volant cause des morts, au grand bonheur d’Orange, de Bouygues, de SFR, etc., en conscience ils intègrent cette téléphonie (bluetooth)2 à l’autoradio de la voiture … avec la bénédiction des pouvoirs publics.


2 Article R.412-6-1 du code de la route :
L’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit.
Est également interdit le port à l’oreille, par le conducteur d’un véhicule en circulation, de tout
dispositif susceptible d’émettre du son, à l’exception des appareils électroniques correcteurs de
surdité.


3 – Les trottinetteurs

Non seulement les trottinetteurs sont hautement connectés, mais en plus certains circulent sur des engins surpuissants débridés. Le 28 mars, à Bordeaux, les policiers ont arrêté un homme de 29 ans qui, avec 2 grammes d’alcool par litre de sang roulait à vive allure en slalomant dangereusement sur le trottoir entre les piétons. Les policiers se sont rendu compte que sa trottinette avait été trafiquée. Elle pouvait atteindre une vitesse de 120 km/h.

La pratique du débridage des moteurs des véhicules est ancienne et courante :

  • Les cyclomoteurs, sont réglementairement limités à 45 km/h. Les adolescents les trafiquent aisément en bricolant l’admission et l’échappement du moteur. De plus ils connaissent les revues dans lesquelles des commerçants leur proposent des « kits » avec lesquels ils roulent à 70 km/h.
  • Des quads agricoles limités à 40 km/h sont équipés d’un petit interrupteur glissé sous la selle qui permet de rouler à 80 km/h et plus sur la route.
  • Les grosses voitures allemandes BMW, Audi, Mercedes, sont bridées à 250 km/h. Ces constructeurs proposent depuis plusieurs années de « rehausser la bride » à 280 ou 305 km/h… moyennant finances.
  • Et aujourd’hui, ce sont des trottinettes électriques qui sont débridées.

Il faut savoir que la vitesse maximale en trottinette électrique est limitée à 25 km/h. Pour satisfaire cette réglementation, un moteur d’une puissance de 250 à 500 watts suffit. Mais une poignée de fabricants vendent des trottinettes électriques capables de fournir une puissance maximale de 3.600 W et même 5.400 W pour la « Dualtron ULTRA » qui peut transporter un passager de 120 kg sur une pente de 35° à 80 km/h.2

Par ailleurs, il existe des « kits » pour débrider une trottinette qui coûtent environ 25euros.

Peut-on considérer que les artifices constitués d’éléments mécaniques, électriques, ou autres destinés à limiter la pleine charge du moteur (le bridage) soient une solution qui répond honnêtement à la réglementation qui limite les vitesses maximales des véhicules ?

Non, l’expérience nous montre que le bridage incite au débridage. C’est pourquoi nous demandons que les véhicules soient construits de façon à ne pas dépasser la vitesse maximale à laquelle ils sont soumis, c’est-à-dire sans bridage.


1 Article R.412-6-1 du code de la route :

L’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit.

Est également interdit le port à l’oreille, par le conducteur d’un véhicule en circulation, de tout dispositif susceptible d’émettre du son, à l’exception des appareils électroniques correcteurs de surdité.


2 En moyenne, sur le Tour de France un coureur dégage une puissance égale à 400 watts.

Un coureur cycliste sprinter, comme Peter Sagan, peut monter à plus de 1000 watts sur un temps très très court en passant la ligne d’arrivée quand il est au maximum de son effort.


Article L317-1 Code de la route

Le fait, pour le responsable de l’exploitation d’un véhicule de transport routier, d’un engin de déplacement personnel à moteur ou d’un cycle à pédalage assisté soumis à une obligation de limitation de vitesse par construction, de ne pas respecter cette obligation, de modifier, ou, en tant que commettant, de faire ou de laisser modifier le dispositif de limitation de vitesse par construction afin de permettre au véhicule, à l’engin ou au cycle de dépasser sa vitesse maximale autorisée, est puni d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Le préposé est passible des mêmes peines lorsque l’infraction résulte de son fait personnel.

Toute personne coupable de ce délit encourt également la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l’activité professionnelle.

Le véhicule, l’engin ou le cycle sur lequel l’infraction a été commise est immobilisé et retiré de la circulation jusqu’à ce qu’il ait été mis en conformité ou réparé. Un décret en Conseil d’Etat fixe les conditions d’application du présent alinéa.

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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