Analyse bilan de sécurité routière juillet 2022

 

Cette courbe de l’évolution de la mortalité depuis mai 2002 montre une baisse significative de 2003 à 2012 qui est liée à des mesures fortes (les radars, la fin des indulgences,…) qui ont été prises et soutenues au plus haut niveau de l’État : les présidents de la République ont fixé les objectifs, les gouvernements ont défini la politique et ses priorités, et les délégués à la sécurité routière ont mis en œuvre cette politique.

Par ailleurs, nous constatons qu’il n’y a plus aucun progrès depuis 10 ans : 3268 tués en 2013 et 3288 tués ces 12 derniers mois ! La sécurité routière n’est plus une préoccupation présidentielle.

Les entraves présidentielles et ministérielles à la sécurité routière

Le 80 km/h : « c’est une connerie » 

– 1er juillet 2018, le Premier ministre, Edouard Philippe, met en place le 80 km/h,

– 15 janvier 2019 à Grand Bourgtheroulde, le président de la République délégitime la mesure : « Est-ce qu’on peut faire quelque chose qui soit mieux accepté et plus intelligent, sans doute oui »

– 24 janvier 2019 : selon Laurent Wauquiez, Emmanuel Macron lui aurait dit « Les 80 km/h, je n’y suis pour rien, c’est mon Premier ministre. C’est une connerie » (France-Soir le 27/01/2019),

– 02 août 2020 : le Premier ministre, Jean Castex, a eu ces mots : « Une connerie sans nom ! » (Gala avec Le Point le 02/08/2020).

– 12 juillet 2022 : Le Progrès & PQR Ebra questionne le ministre, Gérard Darmanin, « Les départements qui repassent aux 90 km/h ont-ils raison ? ».

Il a répondu « Les 80 km/h ont sauvé 349 vies, selon les études réalisées. Je constate que les 38 départements qui sont revenus aux 90 km/h ont, en moyenne, le même niveau de mortalité qu’en 2019 alors que les autres sont à un niveau moindre ». La réponse est claire et sans ambiguïté : le 80 km/h sauve des vies !

Cependant il ajoute « Mais c’est une bonne chose que les élus locaux décident et rendent compte à la population. Chacun prend ses responsabilités, c’est la libre administration des collectivités locales ».

Faut-il conclure que le ministre trouve que « c’est une bonne chose » que les élus locaux prennent leurs « responsabilités » au détriment de nos vies ?

Le contrôle technique moto : « ce n’était pas le moment d’embêter les Français »

– 2012 : l’Union Européenne entend harmoniser l’obligation de contrôle technique des deux-roues dans les pays membres,

2014 : sous la pression des « motards », la France obtient le report de son instauration au 1er janvier 2022,

– 11 août 2021 : publication du décret n°2021-1062 instaurant la mise en place du contrôle technique moto à compter du 1er janvier 2023. Le lendemain de sa publication au Journal Officiel, Emmanuel Macron, dans un retournement spectaculaire, annonçait finalement qu’il ne serait jamais appliqué. Un conseiller de l’exécutif expliquait que le chef de l’État jugeait que « ce n’était pas le moment d’embêter les Français ».

Le décret est suspendu…,

– 17 mai 2022 : saisi par des organisations environnementales jugeant la date de mise en application au 1er janvier 2023 trop tardive, le Conseil d’Etat l’avance au 1er octobre 2022,

– 26 juillet 2022 : enterrement de première classe du contrôle technique des motos. Promesse tenue : le décret n°2021-1062 a été définitivement abrogé.

Les associations environnementales qui avaient saisi le Conseil d’État, plus haute juridiction française, et obtenu l’avancement de la date de mise en application du décret sont furieuses. Elles ont déjà annoncé engager un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’Etat. L’histoire n’est peut-être pas encore finie …

Les petits excès de vitesse

  • 12 juillet 2022 : le ministre de l’Intérieur poursuit sa réflexion sur le projet de ne plus retirer de points sur le permis de conduire des automobilistes coupables de « petits excès de vitesse ». « Si notre réflexion va au bout, en lien avec les associations de sécurité routière, ces dispositions pourraient entrer en vigueur en 2023. »

Sans doute, voulait-il dire en lien avec le lobby « vroum-vroum » ?

Notre présidente, Chantal Perrichon, estime qu’il faut être « d’une ignorance crasse et hallucinante pour proposer cela ». « C’est en luttant contre les petits excès de vitesse qu’il y aura une baisse de la mortalité », a-t-elle réagi. Tous les experts au niveau international conviennent que « 1% de vitesse moyenne en moins, c’est 4% de tués en moins ».

Par ailleurs, nous rappelons au ministre qu’il n’y a pas d’urgence : il n’y a pas d’élection en 2023.

Le 110 km/h sur autoroute

  • la convention citoyenne pour le climat avait proposé de baisser la vitesse à 110 km/h sur autoroute au lieu de 130 km/h,
  • le 29 juin 2020, le président de la République, Emmanuel Macron, décide de ne pas prendre en compte cette proposition,
  • le 18 juillet 2022, un sondage Ifop révèle que 63% des personnes interrogées se déclarent prêtes à réduire leur vitesse sur l’autoroute à 110 km/h dans le but de réaliser des économies de carburant.

Malgré cette majorité silencieuse, le président de la République osera-t-il affronter la minorité tonitruante ?

La DSR , Madame Marie Gautier-Melleray, donne son compte

Toutes ces entraves politiques limitent considérablement l’action de Madame Marie Gautier-Melleray, déléguée interministérielle à la sécurité routière. Après 2 années à respecter les orientations présidentielles et ministérielles, « ne pas embêter les Français », elle demande à être relevée de cette fonction. Son adjoint, David Julliard, est nommé délégué par intérim. Dans ce contexte politique du moment, on craint que son successeur soit lui aussi contraint de « ne pas embêter les Français ».

 

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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