État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Des études conduites en France ont montré que 60 à 75 % de la baisse de la mortalité constatée depuis 2002 (7.655 tués) pouvait être attribuée à la mise en place du dispositif de déploiement des radars. L’amélioration de la mortalité du mois dernier est naturellement liée à la communication sur les voitures-radar banalisées et à la remise en état d’une partie des radars fixes. En novembre 2013, les experts du Conseil national de sécurité routière, qui avaient proposé la limitation à 80 km/h, avaient précisé qu’elle pouvait sauver 350 à 400 vies par an si elle était appliquée sur l’ensemble du réseau départemental à voies non séparées. Par contre, si cette mesure n’était appliquée que partiellement, les experts estimaient qu’elle ne sauverait que 210 à 240 vies, soit 150 vies perdues. Le 16 juin 2014, la commission « Alcool, Stupéfiants, Vitesse » du Conseil national de sécurité routière attire l’attention du ministre sur le fait qu’une mise en œuvre parcellaire de la mesure pourrait conduire à une inégalité de chance face au risque de survenance et aux conséquences d’un accident pour les usagers circulant sur des zones où la mesure ne serait pas déployée. Bien que l’une des fonctions régaliennes de l’Etat soit d’assurer un même niveau de sécurité à tous les Français et malgré toutes les mises en garde des experts, les députés ont donné leur aval en commission pour laisser aux présidents de conseils départementaux la capacité de déroger aux 80 km/h sur les routes secondaires, ainsi, ces présidents auront le choix d’imposer le 80 km/h sur tout le réseau de leurs routes départementales et sauver 350 à 400 vies. Dans le cas où, pour marquer leur opposition au pouvoir central, ils décideraient de faire passer une partie de leurs routes à 90 km/h, ils prendraient le risque de ne sauver 210 à 240 vies. De ce fait, d’un département à un autre la sûreté des usagers sur les routes sera à géométrie variable.
Toutes les mesures de sécurité routière, quelles qu’elles soient, ont eu des opposants. Rappelons-nous les premières limitations de vitesses et le port de la ceinture en 1972, le permis à points et les 200 barrages des transporteurs routiers en 1992, la mise en place des premiers radars en 2003. Nos gouvernants n’ont pas eu d’états d’âme, ils avaient fait confiance aux experts, à la connaissance, ils ont maintenu leur détermination et grâce à cela plus de 350.000 vies ont été sauvées dans notre pays depuis les premières mesures. La connaissance se doit d’avoir la priorité sur la croyance et le bon sens y compris ceux des élus locaux qui de bonne foi, comme tout un chacun, ont tendance à privilégier le risque ressenti et les idées reçues, non le risque réel. La connaissance accidentologique n’est pas seulement la connaissance des routes, mais c’est aussi la connaissance des véhicules, des usagers et des interactions entre tous ces éléments, ce qui nécessite des compétences dans beaucoup de domaines scientifiques et techniques. Le 80 km/h recommandé par les experts sur l’ensemble du réseau départemental à voies non séparées, entré en vigueur au 1er juillet, a permis de sauver 127 vies sur les six derniers mois de 2018, estime la Sécurité routière, malgré un « décrochage », imputé à la dégradation des radars dans le cadre de la crise des « gilets jaunes ». En 2015, lors de la COP21, la France a pris l’engagement de réduire de 29% ses émissions de gaz à effet de serre produits par les transports routiers à l’échéance 2028, soit une réduction de 2,8% par an. Depuis 2015, la consommation de carburants routiers s’est accrue de 0,4%. Si les usagers qui respectaient la limite de 90 km/h réduisaient leur vitesse à 80 km/h, l’abaissement de la consommation serait d’environ 7%. La baisse de la vitesse maximale autorisée est une mesure très concrète et gratuite d’aide aux citoyens pour réduire les gaz à effet de serre. « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ….On est en train de perdre la bataille …» a dit Emmanuel Macron le 12 décembre 2017.
Compte tenu des travaux des experts le bon choix est évident : pour sauver le maximum de vies la limitation de vitesse à 80 km/h doit être appliquée sur tout le réseau départemental. En faire fi pour canaliser la violence du moment et assurer la cohésion sociale, c’est en fait sacrifier annuellement 150 innocents sur l’autel de la démagogie. C’est honteux. Il y va de la vie des usagers et la vie est la valeur suprême de la société démocratique.
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Avec la mobilisation de tous, c’est possible !