Analyse bilan de sécurité routière novembre 2021

Considérant que les progrès, sont trop lents la Commission Européenne s’est fixé l’objectif d’atteindre zéro mort sur les routes d’ici 2050. La seule statistique acceptable. Pour y arriver, elle a fixé un nouveau palier pour la décennie 2021-2030 : dans les dix prochaines années, les états membres auront ainsi la tâche de réduire de moitié la mortalité routière, mais aussi le nombre de blessés graves. Pour y arriver elle a, entre autres, voté et adopté des mesures visant à rendre obligatoire la présence de nouveaux systèmes de sécurité dans les voitures neuves. En particulier un système d’adaptation intelligent de la vitesse prévenant le conducteur des excès de vitesse (AIV), et l’enregistreur de données d’événements (« boîte noire ») vont être obligatoires à partir du 6 juillet 2022 pour les nouveaux modèles, et en mai 2024 pour les modèles déjà existants.

Système d’adaptation intelligent de la vitesse prévenant le conducteur des excès de vitesse (AIV)

Tous les experts au niveau international conviennent que « 1% de vitesse moyenne en moins, c’est 4% de tués en moins ». Cette relation traduit le fait qu’une faible variation de vitesse implique une variation significative du risque d’accidents mortels. D’où l’intérêt d’agir sur les excès de vitesse y compris les « petits » excès de vitesse (13% des accidents mortels sont liés à un excès de vitesse inférieur à 10 km/h au-dessus de la vitesse autorisée – étude Vivian Viallon et Bernard Laumon, chercheurs à l’Ifsttar). Pour ce faire, l’AIV informera le conducteur de la vitesse à respecter. En cas de dépassement, un signal sonore avertit ce dernier et/ou le dispositif régule automatiquement la vitesse en réduisant la puissance du véhicule. Cependant, comme le souligne le règlement « le principe de base étant que le conducteur est toujours responsable du respect des règles de circulation applicables », le conducteur pourra, d’une part outrepasser ce limiteur automatique, par exemple en appuyant plus fort sur l’accélérateur, et d’autre part le désactiver ; ce que nous regrettons !

En France, plusieurs établissements publics de recherche ont mis au point un tel dispositif, le LAVIA (Limiteur s’Adaptant à la VItesse Autorisée) qui a été expérimenté de décembre 2004 à janvier 2006 auprès de conducteurs volontaires. Il en ressort un bon accueil. Le Délégué interministériel à la sécurité routière, Rémy Heitz, a expliqué en conclusion du colloque de présentation du LAVIA le 9 novembre 2006 à Versailles « Il faudra un jour sortir de la contradiction entre des véhicules, toujours plus rapides, et la contrainte exercée sur l’usager pour le respect des limitations de vitesse. Le Lavia apparaît être une réponse tout à fait opportune à ce défi pour plusieurs raisons. Il permet d’abord de respecter toutes les limitations de vitesse. Il répond ensuite à une véritable demande sociale, l’immense majorité des citoyens souhaitant respecter les règles. Enfin, il repose sur des technologies éprouvées : le limiteur de vitesse et le GPS. »

Bien que ce LAVIA et autres AIV évitent les excès de vitesse d’inattention et les contraventions et pertes de points qui vont avec, curieusement le lobby pro-vitesse discrédite ces antidotes contre les radars !

L’enregistreur de données d’événements (« boîte noire »)

Les enregistreurs de contexte accidentologique (boîtes noires) à bord des véhicules permettront de mieux analyser les accidents. Cette meilleure connaissance des accidents permettra une meilleure justice et une meilleure prévention.

Une meilleure justice

L’examen des faits dans les accidents de la route est très souvent rendu difficile par l’absence de données objectives. De coûteuses expertises ne suffisent pas toujours pour éclairer la justice. L’enregistreur de contexte accidentologique ne résoudra sans doute pas tous les problèmes, mais permettra au moins d’établir avec minutie et rigueur les paramètres les plus importants, ceux qui manquent lors des enquêtes (vitesse initiale, freinage, clignotants, feux de route, feux de croisement, etc.). Une analyse de l’enregistreur permettra de lever les doutes, de déterminer plus objectivement les causes de l’accident et d’en tirer les enseignements utiles, notamment en termes de responsabilité.

Une meilleure prévention

Par ce moyen, non seulement on améliore la qualité des enquêtes, mais les données recueillies alimentent utilement une démarche de prévention. Les solutions proposées pour éviter que l’accident ne se reproduise sont beaucoup plus pertinentes puisque construites sur des éléments sûrs et précis et non plus sur des interprétations et des jugements de valeur. De tels efforts méthodiques pratiqués dans le transport aérien et ferroviaire doivent trouver leur application dans le domaine de la circulation routière.

De plus, cette « boîte noire » est un témoin embarqué, muet et permanent qui révèle ce qu’elle a enregistré pendant quelques secondes avant, pendant et après l’accident. Elle constitue une excellente voie de régulation des comportements.

Aux États-Unis, les « boîtes noires » ont vu leur apparition dans les années 70 avec les coussins gonflables de sécurité ; 64% des véhicules légers de l’année 2005 en étaient équipés. Depuis le 1er septembre 2015, elles sont obligatoires pour toutes les voitures neuves. Selon les autorités américaines, elles auraient permis de réduire de 20% le nombre d’accidents en cinq ans.

Il y a loin de la coupe aux lèvres.

Le 22 janvier 2003, Monsieur Gilles de Robien, ministre de l’Équipement, des Transports,du Logement, du Tourisme et de la Mer, au « Séminaire Automobile & Equipement » avait rappelé que : « Le C.I.S.R.(Comité interministériel de la sécurité routière) a souligné le nécessaire strict respect des limitations de vitesse et à sa maîtrise par le conducteur. Tout dispositif à bord des voitures qui lui permet de maîtriser sa vitesse participe à cet objectif. Il en va de même pour les enregistreurs de contexte (boîte noire). Nous devons aller ensemble dans cette direction : je souhaite que l’administration puisse rapidement donner l’exemple et s’équiper de véhicules ayant ces fonctionnalités. ».

Encore une fois, il aura fallu attendre, pendant des lustres, des mesures de sûreté éprouvées.

Ainsi s’en va la vie !

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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