Analyse bilan de sécurité routière septembre 2021

Il nous semble important de mentionner que la baisse annuelle de 6 % par an de la mortalité pendant ce mandat présidentiel est trompeuse, car elle est due en grande partie aux restrictions des déplacements liées au COVID -19. La remontée de la mortalité depuis février dernier (+19% en moyenne annuelle) est d’autant plus inquiétante qu’aucune mesure sérieuse ne sera annoncée dans cette période préélectorale.

Une annonce trompeuse : « le nombre de morts sur les routes en baisse de 18,7 % sur 10 ans » (AFP 30/09/2021)

Le 30 septembre, toute la presse, le Point, la Croix, le Figaro, la Dépêche, Ouest-France, 20 Minutes, …a repris cette information contenue dans le bilan annuel de la sécurité routière comme étant une prouesse.

Le nombre de morts est passé de 3 992 en 2010 à 3 244 en 2019, soit une baisse de 18,7% en 10 ans ce qui fait une moyenne de 2% par an. Il faut rappeler que depuis 1972, la mortalité a diminué à un rythme de 3,6% par an. L’Europe puis la France s’étaient engagées à une diminution de 50% de tués sur les routes, avec comme objectif moins 2000 tués en 2020, ce qui impliquait une baisse moyenne annuelle de 7%. Cet objectif était tout à fait réaliste. Depuis 1970, 10 années ont eu une baisse plus importante. La décennie 2000-2010, celle de la mise en œuvre des radars, a connu une baisse de 50%. En fait de 2000 tués en 2019, nous en étions à plus de 3000 ! La sécurité routière pendant cette décennie 2010-2019, avec son saccage organisé des radars, avec la mise au placard du 80 km/h, avec la circulation des motos entre les files,…, est un échec, l’objectif n’a pas été réalisé. Quant à nous, nous savons que sur les 35.140 personnes qui ont été tuées pendant cette décennie, des milliers auraient pu être sauvées si cet objectif avait été tenu.

Le danger : ce sont les voitures, les camions qui renversent les piétons et pas l’inverse. Les piétons courent 284 fois plus de risques de périr ou de subir des blessures dans une collision avec un véhicule que les conducteurs ou les passagers. Cependant la Sécurité Routière adresse prioritairement ses recommandations de prévention aux usagers les plus vulnérables.

La Sécurité Routière pratique le « « victim-blaming »

Le journal « Libération », en fouillant dans les messages du compte Twitter de la délégation à la sécurité routière, a découvert qu’elle pratique le « victim-blaming » à l’encontre des usagers vulnérables (elle agit comme s’ils étaient principalement responsables de leur accident). Elle multiplie les recommandations du port des protections individuelles : vêtements rétro-réfléchissants pour les enfants, casques et équipements de protection pour les cyclistes et utilisateurs de trottinettes, etc. Résultat : sur 96 publications concernant la sécurité des usagers vulnérables, 57 demandent à ces derniers de prendre des mesures pour assurer leur propre sécurité, 32 sont plutôt neutres, et seulement 7 s’adressent aux conducteurs de véhicules motorisés pour leur rappeler d’adapter leur comportement.

Le piéton, le cycliste, la personne en fauteuil roulant peuvent certes contribuer à améliorer leur sûreté, mais ils ne peuvent être tenus responsables des actions et des manquements des autres. La nuit sur une route de campagne, le cycliste doit être bien éclairé, mais par mesure de prudence le conducteur ne devrait pas circuler en feux de croisement à plus de 60 km/h. Dans un système où les collisions impliquant des piétons ou des cyclistes sont trop souvent excusées par une déclaration de type « je ne l’avais pas vu », il est temps de réaffirmer que ce sont les conducteurs de véhicules motorisés qui, en priorité, doivent être attentifs non seulement aux autres véhicules, mais aussi aux autres humains autour d’eux : en regardant devant eux et non, comme c’est trop souvent le cas, vers l’écran d’un téléphone ; en utilisant les rétroviseurs et en tournant la tête pour vérifier les angles morts; en réduisant leur vitesse à l’approche des intersections et des traversées piétonnes et en regardant avant d’ouvrir leur portière.

Il faut rappeler que le code de la route (article R 412-6) demande aux conducteurs « d’adapter un comportement d’une prudence accrue à l’égard des usagers les plus vulnérables ». Cet article, qui date de 2008, est louable mais particulièrement méconnu et d’autant plus qu’il ne prévoit aucune sanction en cas de non-respect de ce principe qui ne devrait pas rester un vœu pieux.

 

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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