Analyse bilan de sécurité routière juin 2021

 

Nous l’avions prévu, ça repart. Il est probable qu’il y aura près de 3.000 morts pendant les 12 derniers mois du mandat présidentiel. Pour faire baisser la mortalité, il faudra que nos autorités de la sécurité routière mettent en place des mesures autrement plus efficaces que les « mini-stickers » collés sur les flancs des camions pour « protéger » les usagers vulnérables.

La rue change…le conducteur aussi !

Zone 30

Ces mesures existent, à commencer par les « zone 30 » issues des expérimentations de modération de la circulation qui ont eu lieu dans les années 1970 dans les Pays-Bas, puis en France dans les années 1980. Pour mémoire la Ligue a organisé en 1985 un colloque dans lequel Joost Vahl, ingénieur hollandais, a présenté des travaux réalisés à Delft permettant de réduire la vitesse de circulation des automobilistes pour améliorer la sûreté des divers usagers de la rue. En 1987, la Ligue a organisé des actions de sensibilisation à la circulation apaisée dans une quarantaine de lieux en France : visites de sites aménagés, la rue du mercredi, aménagements factices en vraie grandeur d’une avenue, etc. Entre 1984 et 1988, l’État, en s’inspirant des exemples néerlandais, a lancé un programme interministériel « Ville plus sûre, Quartiers sans accidents ». Une quarantaine d’opérations, portait à la fois sur des traversées de petites agglomérations par des voies à fort trafic, sur des transformations de voies à caractéristiques autoroutières en voies urbaines, sur des centre-bourgs, sur des entrées de villes… Les évaluations de l’effet de ces expérimentations sur la sûreté des usagers, mais aussi sur le cadre de vie des habitants, étaient très positives : la rue change…le conducteur aussi !

Le 29 novembre 1990, en complément de la vitesse maximale autorisée à 50 km/h en ville, un décret introduit la « zone 30 » dans le code de la route. Sont concernés tous les secteurs où «la vie locale est prépondérante»: quartiers commerçants, scolaires, résidentiels, mixtes,…Le concept « zone 30 » est global, il influe psychologiquement sur l’automobiliste en créant une ambiance différente. Il implique un seuil inférieur (environ 200m), en deçà duquel il ne s’agit plus d’une zone 30 mais d’un simple aménagement ponctuel qui nécessite une limitation de vitesse à 30km/h. En général en France, les zones 30 pèchent par leur petite taille ; des études constatent que plus la zone 30 est étendue, plus l’impact est bénéfique. Les zones 30 mises en place ont été des zones « à bon marché », simplement pourvues de panneaux d’entrée et de sortie. Depuis peu, les zones 30 reviennent d’actualité, toujours dans leur version « light ». Il s’agit en vérité de généraliser la vitesse maximale autorisée en ville à 30 km/h, sans accompagnement d’aménagement, et de laisser les voies dites structurantes à 50 km/h.

Ville 30

Ce concept consiste à aménager l’ensemble de la ville en zone 30, à l’exception des boulevards dédiés au trafic qui restent limités à 50 km/h. Alors que les zones 30 étaient considérées comme des dérogations au 50 km/h, elles deviennent la norme et c’est le 50 km/h qui devient l’exception. C’est ce renversement et le discours qui l’accompagne qui différencient la ville 30 d’un simple développement des zones 30. Il s’agit d’énoncer clairement que les rues de quartiers sont des espaces urbains supportant de nombreuses fonctions de vie locale, qu’elles ne sont pas des routes dont l’usage serait réservé aux automobiles. Dès 1992, Graz (Autriche) est la première ville européenne à avoir aménagé l’ensemble de la ville en zone 30, à l’exception des boulevards dédiés au trafic qui restent limités à 50 km/h. En France Fontenay-aux-Roses est la première « ville 30 » revendiquée en 2005 suivie par d’autres villes d’Ile-de-France : Nogent-sur-Marne, Sceaux, Clamart, Sèvres, Clichy-la-Garenne, Fontainebleau … Grenoble en 2016, Lille en 2019, Nantes en 2019, Montpellier en 2021,…et Paris en 2021 (29 ans après Graz !)

Paris : ville 30

À Paris, la vitesse moyenne de circulation est de 16 km/h et compte 60% de zones limitées à 30 km/h. 59% des Parisiens sont favorables à la réduction de la vitesse à 30 km/h dans les rues, à condition que certains axes restent à 50 km/h. Dès la fin du mois d’août, pour améliorer la sécurité des piétons, des cyclistes et fluidifier le trafic, quasiment tout Paris sera limité à 30 km/h. De plus, abaisser la vitesse à 30 km/h, c’est aussi baisser les nuisances sonores d’à peu près 3 décibels, c’est-à-dire diminuer les nuisances sonores de la moitié. Que du positif dans cette mesure prise par la mairie qui, dans le contexte actuel, risque de provoquer de nouveaux sujets de contestation.

Et le LAVIA ! (Limiteur s’Adaptant à la VItesse Autorisée)

En France, en 2006, des « chercheurs et trouveurs » ont mis au point un limiteur de vitesse qui adapte la vitesse du véhicule à la vitesse autorisée. Depuis 15 ans il aurait pu limiter les voitures à 30 km/h, sans faire tous ces aménagements, mais il est au placard !

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !

État des lieux

 

Le bilan
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