Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
La mortalité routière de la France « d’après », est comme celle de la France « d’avant » : +4,3%. On retrouve nos habitudes !
Pour réduire la mortalité, l’Europe, à partir de juillet 2022, oblige les constructeurs à intégrer dans tous leurs nouveaux modèles européens une sorte de boîte noire destinée à enregistrer des informations techniques. Outre cette boîte noire, les véhicules neufs devront être équipés d’un système d’adaptation intelligente à la vitesse qui fournira au conducteur des informations basées sur les cartes et les panneaux de signalisation lorsque la vitesse autorisée sera dépassée.
La « boîte noire »
Trop souvent, lors d’un accident grave, l’absence ou l’imprécision des témoignages ne permettent pas de déterminer avec une bonne fiabilité, les circonstances de l’accident et éventuellement les responsabilités. Pour pallier cette absence d’information fiable, les enregistreurs de données des évènements de la route ou EDR (Events data recorder), véritable témoin embarqué dans chaque véhicule, sont apparus aux USA dans les années 70, avec l’arrivée des coussins gonflables de sécurité. Cette « boîte noire » est un boitier ou une puce électronique de l’ordinateur de bord du véhicule, qui enregistre en permanence les principaux paramètres qui sont sous contrôle du conducteur : vitesse, accélération, décélération, direction, freinage, clignotants, éclairage,…, mais pas le son, comme une conversation à bord. Seulement en cas d’accident, le système mémorise les dernières secondes et poursuit l’enregistrement et la mémorisation des données pendant les quelques secondes suivantes. Ces données sont conservées et peuvent être analysées pour comprendre et expliquer ce qui s’est passé au moment de l’accident.
Le 14 avril dernier, le gouvernement a publié une ordonnance qui encadre l’accès et l’utilisation des données mémorisées pour les agents des forces de l’ordre, les secouristes, les assureurs, les gestionnaires d’infrastructures routières et les autorités organisatrices de la mobilité. Le règlement ne vise qu’à obtenir des données d’accident précises L’EDR ne peut être employé à des fins de suivi en continu des déplacements des individus : les données de conduite collectées ne sont mémorisées que dans le cas d’une collision. Elles sont anonymisées par un procédé garantissant la suppression irréversible du lien entre les données et tout identifiant du véhicule, de son conducteur, propriétaire ou locataire. Malgré ces garanties légales, nos opposants complotistes dénigrent ce dispositif comme étant un mouchard inutile et supputent une volonté de « fliquer » les automobilistes.
Le 22 janvier 2003, dans un discours prononcé au « Séminaire automobile & équipement : élargir le dialogue » le ministre des Transports, Gilles de Robien, a souhaité que l’administration puisse rapidement donner l’exemple et s’équiper de véhicules ayant ces dispositifs !
Enfin, les EDR arriveront en France l’année prochaine, ils auront mis 50 ans à traverser l’Atlantique !
L’EDR apporte des informations aux SAMU
La connaissance de ces données, en particulier les décélérations subies par les victimes, facilitera le travail des urgentistes. Ils pourront alors déterminer le meilleur traitement en fonction de la gravité de l’impact.
L’EDR permet une meilleure justice
L’examen des faits dans les accidents corporels de la route est très souvent rendu difficile par l’absence de données objectives. De coûteuses expertises ne suffisent pas toujours pour éclairer la justice. L’EDR ne résoudra sans doute pas tous les problèmes, mais permettra au moins d’établir avec minutie et rigueur les paramètres les plus importants, ceux qui manquent lors des enquêtes (vitesse initiale, freinage, vitesse juste avant le choc, décélérations dues au choc, course d’échappement après le choc, mouvements du véhicule, etc.). Une analyse de l’enregistreur permettra de lever les doutes, de déterminer plus objectivement les causes de l’accident et d’en tirer les enseignements utiles, notamment en termes de responsabilité.
L’EDR permet une meilleure prévention
Par ce moyen, non seulement on améliore la qualité des enquêtes, mais les données recueillies alimentent utilement une démarche de prévention. Les solutions proposées pour éviter que l’accident ne se reproduise sont beaucoup plus pertinentes puisque construites sur des éléments sûrs et précis et non plus sur des interprétations et des jugements de valeur. De tels efforts méthodiques pratiqués dans le transport aérien et ferroviaire doivent trouver leur application dans le domaine de la circulation routière.
De plus, cette « boîte noire » est un témoin embarqué, muet et permanent, qui révèle ce qu’elle a enregistré dans un court délai avant, pendant et après l’accident. Elle constitue une excellente voie de régulation des comportements, les conducteurs conscientisent davantage leur conduite et deviennent plus prudents. Aux Etats-Unis, où la plupart des voitures sont déjà équipées, les autorités américaines estiment qu’il a permis de réduire de 20 % les accidents en l’espace de cinq ans.
La boîte noire : un mouchard, un gendarme à bord ?
Non, un avocat embarqué.
État des lieux