Analyse bilan de sécurité routière juillet 2020

L’histoire secrète des 80 km/h

Le Parisien du 29 juin 2018 raconte : « Un matin de juillet 2017, une note confidentielle tombe sur le bureau d’Edouard Philippe. Pas une bonne nouvelle. La mortalité routière remonte encore : 3 738 tués en 2016. Après 3 427 en 2013, 3 557 en 2014 et 3 616 morts en 2015, la tendance est à la hausse. Le document rédigé par ses conseillers recommande au Premier ministre de prendre le dossier à bras-le-corps. Ils formulent une liste de propositions. Parmi elles, réduire la vitesse maximale sur les routes secondaires à 80 km/h, au lieu de 90 km/. Le chef du gouvernement veut en savoir davantage. Il laisse son cabinet avancer. Fin août, le téléphone de Chantal Perrichon sonne. La présidente de la Ligue contre la violence routière est invitée à Matignon. Discuter avec les conseillers du pouvoir, elle en a l’habitude, depuis qu’elle a pris les rênes de l’association, en 2002. «Une simple prise de contact », pense-t-elle. En fait, la réunion avec le cabinet, à la mi-septembre, dure trois heures. Un signe…. »

(Voir la suite sur : https://www.leparisien.fr/societe/l-histoire-secrete-des-80-km-h-28-06-2018-7797105.php)

Les 80 km/h : une connerie !

Le président : selon Laurent Wauquiez, Emmanuel Macron lui aurait dit le jeudi 24 janvier 2019 dans la Drôme: « Les 80 km/h, je n’y suis pour rien, c’est mon Premier ministre. C’est une connerie » France-Soir le 27/01/2019

Le Premier ministre : questionné il y a peu sur la taxe carbone impulsée par le gouvernement Philippe et les 80 kilomètres/heure, le nouveau Premier ministre, Jean Castex, a eu ces mots : « Une connerie sans nom ! » Gala avec Le Point le 02/08/2020.

Le directeur de cabinet : « Il ne faut jamais se prendre pour le numéro un, il y a un politique qu’on sert», indiquait, Nicolas Revel1 le nouveau directeur de cabinet du Premier ministre le 21 juillet dernier dans les consignes qu’il donnait aux membres du cabinet. Une critique à peine voilée envers son prédécesseur Benoît Ribadeau-Dumas qui avait promu les 80 km/h (voir ci-dessus)

Après toutes ces déclarations, notre nouvelle déléguée à la sécurité routière, Madame, Gautier-Melleray Marie, sait à quoi s’en tenir : la sécurité routière n’est pas une priorité gouvernementale.

Le bilan des 80 km/h

Le 20 juillet, le ministère de l’Intérieur publiait une évaluation de l’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h qui montre des résultats positifs bien que la mesure n’ait pas encore pleinement atteint les effets escomptés, beaucoup de conducteurs circulant encore à des vitesses supérieures à 80 km/h.

Une réduction des vitesses pratiquées

L’observatoire dédié du Cerema a constaté une baisse de de 3,3 km/h sur les vitesses moyennes pratiquées par l’ensemble des usagers.

349 vies épargnées en 20 mois sur le réseau concerné.

L’impact de la mesure correspond à une baisse de 12% du nombre de tués sur le réseau considéré. La baisse du nombre de tués s’élève à 349 sur 20 mois. Le reste du réseau routier a été retenu comme groupe de contrôle, ce qui permet de tenir compte des effets contextuels. Sur ce réseau, le nombre de tués stagne.

1 seconde de plus par km

Il n’y a pas eu de création supplémentaire de pelotons de véhicules, ni de réduction du temps entre les véhicules qui se suivent. Le Cerema a calculé un allongement moyen des temps de parcours de 1 seconde par kilomètre.

Moins de polluants

Concernant les effets environnementaux, les analyses ont montré que la mesure entraînait une légère diminution des principaux polluants atmosphériques et des nuisances sonores.

Mesure de mieux en mieux acceptée

La part des personnes favorables à la mesure passe de 30% en avril 2018 à 48% en juin 2020. Cette évolution est particulièrement marquée pour les personnes habitant en zone rurale et dans les villes de moins de 20 000 habitants.

Gain de 700 millions d’euros sur une année

Le principal coût social de la mesure est lié aux pertes de temps de parcours (entre 720 et 920 millions €). Il est largement compensé par la réduction de l’accidentalité (1,2 milliards €), auquel s’ajoute les bénéfices liés à la moindre consommation de carburants et à la baisse des émissions de CO2. Ce gain est estimé à 700 millions d’euros sur une année, en comparant 2017 et 2019.

Au final, des marges de progrès sur le respect de la vitesse demeurent. Si le Président n’avait pas dégradé l’efficacité du 80 km/h en sabotant la décision d’Edouard Philippe, la progression constante de l’adhésion des Français à la mesure aurait permis une amélioration de tous ces résultats. De plus, ce n’est pas le nouveau Premier ministre qui va promouvoir de telles initiatives, qu’il qualifie de « conneries », fussent-elles nécessaires pour épargner des vies.

1 Le 15 mai 2012, Nicolas Revel succède à Jean Castex au poste de secrétaire général adjoint de la présidence de la République, en tandem avec Emmanuel Macron.

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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