Présentation du livre des 30 ans par le quotidien « Le Monde »

Les accidents de voiture, tout sauf une fatalité
LE MONDE | 11.05.2015 à 10h57 • Mis à jour le 11.05.2015 à 10h59 | Par Rafaële Rivais

L’« objectif zéro accident » évoqué dans le titre de cet ouvrage et affiché par la Ligue contre la violence routière suscite souvent le scepticisme : les accidents relèveraient de la malchance, de la fatalité, ils ne seraient pas évitables. Les militants de la Ligue pensent au contraire qu’il est possible d’en diminuer le nombre, en agissant sur leurs causes : vitesse, alcool, téléphone au volant, absence de séparateur entre les voies à double sens, présence d’obstacles verticaux le long des routes…
Depuis mai 1983, date de sa création, la Ligue ne cesse d’aiguillonner les pouvoirs publics pour qu’ils agissent sur ces causes. Elle se félicite d’avoir contribué à obtenir, notamment, la diminution des seuils d’alcoolémie (1987), l’abaissement de la vitesse autorisée en ville (1990), l’instauration du permis à points (1992), la mise en place de radars automatiques (2002) ou la suppression de l’amnistie présidentielle pour les délits routiers (2007). Pour que le nombre de tués, en cas d’accident, diminue, l’association a obtenu l’obligation de mettre des ceintures à l’arrière des véhicules ainsi que des systèmes de retenue spécifiques pour les enfants (1990). Le nombre de morts, de 12 500 en 1983, est tombé à 3 388 en 2014.
Contre une vision machiste du volant
Depuis 1986, soit sept années avant d’en obtenir le droit, la Ligue s’est constituée partie civile dans les procès, afin de demander aux juges de sanctionner les « délinquants de la route ». Ses militants leur expliquaient que « prendre le volant avec 2,20 grammes d’alcool dans le sang n’est pas une fatalité. » Fondée par quatre femmes dont les enfants avaient été tués sur les routes – notamment Geneviève Jurgensen, présidente jusqu’en 1994 –, la Ligue contre la violence routière s’est aussi battue contre une vision machiste du volant, assignant par exemple en justice Citroën pour que sa publicité ne fasse pas l’apologie de la vitesse. Chantal Perrichon, sa présidente depuis 2002 et la coordinatrice de l’ouvrage, passe discrètement sous silence les attaques dont elle fait l’objet sur de les réseaux sociaux, notamment depuis qu’elle réclame l’abaissement de la vitesse sur le réseau bidirectionnel.
L’ouvrage, parfaitement documenté par de nombreux experts, dénonce la « désinformation » de ceux qui vont jusqu’à contester les acquis de l’accidentologie. Il explique pourquoi l’on ne peut pas dire que l’alcool serait la première cause d’accident mortel. Il dénonce le lobby des constructeurs, qui proposent des véhicules puissants, ou celui des opérateurs de téléphonie mobile, qui incitent à téléphoner en conduisant. Il prône l’usage des boîtes noires, pour analyser encore mieux les accidents, et passer sous la barre des 2 000 morts en 2020. Fort sérieux, le livre est aussi agrémenté de dessins de Charb, Cabu, Plantu ou Denis Pessin.
Objectif zéro accident, Ligue contre la violence routière, éd. Les Petits Matins, 388 pages, 18 euros
• Rafaële Rivais
Journaliste au Monde

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