État des lieux
Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :
Avec la mobilisation de tous, c’est possible !
Selon des chiffres officiels révélés par Le Journal du dimanche, la majorité des accidents mortels surviennent sur certaines routes nationales et départementales considérées par les automobilistes comme les moins dangereuses.
(La Croix 26/03/2018 Emmanuelle Lucas)
Voilà de quoi conforter Édouard Philippe. La semaine dernière, le premier ministre a rappelé sa « totale » détermination à ramener à 80 km/h la vitesse maximale sur les routes secondaires en dépit des vives critiques que cette mesure suscite. Elle devrait être appliquée le 1er juillet sur l’ensemble des routes secondaires sans séparateur de voies.
Des chiffres de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), qui est chargé d’éclairer les décisions politiques, ont été publiés dans le Journal du dimanche d’hier. Ils viennent confirmer la nécessité d’une telle limitation.
Selon les résultats de l’étude à laquelle l’hebdomadaire a eu partiellement accès, dans 28 départements sur 100, les accidents mortels se produisent le plus souvent sur des routes nationales et départementales jugées à tort par les automobilistes comme les plus sûres. Il y aurait donc un fort décalage entre ce que les automobilistes perçoivent comme de « belles routes » et leur dangerosité réelle. « Les axes en très bon état concentrent 50 % des tués – avec des pics de 80 % en Haute-Loire et dans le Cantal – alors qu’ils ne représentent que 15 % de l’ensemble des deux voies », concluent par exemple l’ONISR.
Ce constat ne surprend pas Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre les violences routières. « Les experts savent cela depuis longtemps », explique la militante. En effet, plusieurs études, notamment celles menées par Claude Got, ont déjà rendu des conclusions similaires. Les « belles » routes seraient en fait les plus meurtrières car le trafic y est plus important que sur des axes plus dégradés, que les automobilistes évitent d’emprunter. Il y aurait donc une réelle nécessité à limiter la vitesse à 80 km/h sur l’ensemble des routes, même celles qui sont en bon état. Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) avait d’ailleurs recommandé ce changement du code de la route dès 2014 et les experts estiment que cette mesure permettrait de sauver de 210 à 400 vies par an.
Selon Chantal Perrichon, ces nouveaux chiffres ont néanmoins le mérite de venir d’une source officielle et non militante, ce qui les rendra, espère-t-elle, incontestables. « Je regrette d’ailleurs que leur publication ne soit pas survenue plus tôt, avant le comité interministériel du 9 janvier, lors duquel nous avons dû écouter les arguments non fondés d’élus qui ignorent tout de la sécurité routière et l’utilisent à des fins politiciennes. »
Il n’est pas sûr pourtant qu’ils suffisent à convaincre tous les protagonistes. Ce week-end, près de 1 000 motards ont ainsi manifesté en Bretagne contre cette future limitation de vitesse.
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