État des lieux
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La Montagne 17/06/2017 Pierre Géraudie
L’installation d’un éthylotest antidémarrage (EAD) peut, depuis peu, être prononcée à titre de peine judiciaire. Une présentation du dispositif a eu lieu au tribunal de Cusset à l’initiative du procureur.
Déjà généralisé sur les cars, l’éthylotest antidémarrage pourrait aussi bientôt l’être sur les voitures. En tout cas sur celles de conducteurs étant condamnés par la justice à la suite d’un dépistage d’alcoolémie positif au volant.
Dans le cadre d’une loi de modernisation de la justice en date du 18 novembre 2016 (*), l’installation d’un éthylotest antidémarrage peut désormais être imposée dans le cadre par exemple d’une composition pénale ou d’une peine complémentaire.
« Lier la conduite du véhicule à l’état de sobriété »
Lors d’une présentation réalisée au tribunal de Cusset sous l’œil attentif des juges (qui ont déjà pu prononcer cette nouvelle sanction, voir par ailleurs), des forces de l’ordre mais aussi de représentants de l’entreprise ayant conçu l’éthylotest, le procureur Éric Mazaud a rappelé tout le sens de ce nouveau dispositif : « Il représente un intérêt majeur, à savoir lier physiquement la conduite d’un véhicule à la sobriété absolue. »
De plus, cet éthylotest, en constituant une alternative à l’annulation ou à la suspension du permis de conduire, est un moyen « de ne pas désociabiliser certains conducteurs ayant commis une infraction, mais qui ont malgré tout besoin d’un véhicule pour aller travailler ou dans leur vie quotidienne. » Une réalité particulièrement prégnante dans des secteurs ruraux tels que le Bourbonnais.
Un système qui se veut (presque) infaillible
Côté pratique, concrètement, le conducteur s’étant vu imposer cette sanction aura obligation d’installer le système antidémarrage sur son véhicule. Il devra alors souffler une première fois, avant de pouvoir démarrer le moteur, puis une deuxième, dans un laps de temps d’une vingtaine de minutes après le démarrage, pour vérifier qu’une autre personne n’a pas soufflé à sa place au démarrage. Et s’il refuse alors de souffler ? « Le véhicule ne s’arrêtera pas d’un coup, précise Pierre Sallandre, de la société Drager, conceptrice de l’éthylotest. Mais, à l’image d’une ceinture non attachée, un bip récurrent sonnera alors jusqu’à ce qu’il souffle, ce qui peut être dérangeant. » À noter que l’on ne recense pour le moment qu’un seul garage agréé pour l’installation des EAD,
qui se situe à Toulon-sur-Allier. Mais la liste pourrait bien vite s’allonger.
Un coût important
Quant au coût de l’éthylotest, adaptable aux véhicules anciens comme neufs, il est de l’ordre de 1.200 à 1.500 euros à l’achat, et de 50 à 100 euros par mois en location. Une somme importante également prise en compte dans la sanction pénale. Et si quelques-uns tentent de contourner le système par quelque stratagème malicieux, « ceci constituera un nouveau délit », précise le procureur Éric Mazaud. Qui n’a pas manqué de rappeler que la mission de la justice était aussi « de sauver des vies. Or un tiers des accidents de la route sont dus à l’alcool ».
(*) Une loi renforcée par un décret du 16 février dernier.
Le seul garage agréé dans l’Allier est situé à Toulon-sur-Allier (La Montagne 17/06/2017 Marie Pignot)
Un seul garage est pour l’instant agréé à installer les éthylotests antidémarrage sur les voitures dans l’Allier : le garage Euromaster, installé sur la zone des Gris à Toulon-sur-Allier.
Agréé à installer ce type d’éthylotest sur les autocars depuis fin 2015, le garage a aujourd’hui l’agrément pour les voitures. Pour cela, il suffit de suivre une formation avec les fabricants. Une formation spécifique suivie par les employés de ce garage. Cependant ce dispositif reste assez cher : il faut compter entre 1.000 euros et 1.500 euros pour l’installation d’un éthylotest antidémarrage.
« Les garages Euromaster réfléchissent à une solution de location au mois pour ces éthylotests judiciaires. Beaucoup de personnes n’auront pas les moyens de se les payer. De plus, c’est un dispositif qui n’est pas destiné à rester très longtemps sur la voiture », précise Matthieu Perrot, responsable du centre Euromaster de Toulon-sur-Allier.
Installation difficile sur les voitures récentes
Avec le décret du 16 février, la pose d’éthylotests de démarrage sur les voitures va sûrement se développer. « Le plus difficile, c’est de l’installer sur les voitures récentes. Il faut tout démonter. Et on ne peut pas percer de trous parce que ces dispositifs ne sont pas faits pour durer. Je pense qu’ils seront destinés à être enlevés au bout de six mois ou un an », explique le responsable.
Concernant le taux d’alcoolémie qu’il ne faut pas dépasser afin que la voiture démarre : « Je pense qu’il sera fixé à 0, comme pour les autocars », témoigne Matthieu Perrot. « C’est normal, il y a des vies en jeu, surtout pour les transports en commun. »
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