Le bêtisier des faux arguments

Bien souvent, à la Ligue, nous sommes confrontés à nos détracteurs, qui usent d’argumentations pleines d’illogismes ou de sophismes. Tous ces faux raisonnements nous désarment et nous entraînent dans des discussions stériles. Voici un florilège des plus courants et des réponses que nous leur apportons.

«Les gendarmes et les policiers feraient mieux de courir après les délinquants plutôt que d’embêter les automobilistes.»
Aucune délinquance ne fait autant de victimes que la délinquance routière. À titre d’exemple, une personne qui roule sur une route départementale à 130 km/h après avoir bu un apéritif, quatre verres de vin et un digestif est potentiellement un délinquant particulièrement dangereux qui ne mérite pas plus de considération qu’un «casseur».


«Le port de la ceinture de sécurité est une atteinte aux libertés individuelles. Je suis libre de disposer de ma personne.»
Il faut être cohérent: on ne peut revendiquer l’individualisme au travers des libertés individuelles et faire appel à la collectivité pour prendre en charge le coût des soins nécessaires en cas d’accident si l’on a délibérément omis de boucler sa ceinture.

«Je suis beaucoup plus en sécurité à 200 km/h dans ma grosse CMKKX de 250 CV que certains qui roulent à 100 km/h, au maximum des possibilités de leur petite caisse.»
Ce sont les véhicules les plus performants et les plus puissants qui ont le plus d’accidents – et les accidents les plus graves.


«Une réserve de puissance importante permet des dépassements en toute sécurité.»
La réserve de puissance qui sauve en permettant de terminer un dépassement aventureux est en réalité la réserve de puissance qui tuera, car c’est elle qui incitera à faire le dépassement de trop. Les assureurs ont établi depuis longtemps que le risque d’accident est lié à la puissance du véhicule.


«Je roule vite mais je roule bien, je suis prudent. »
1% de vitesse moyenne en moins, c’est 4% de tués en moins. 


«En Allemagne, la vitesse est libre, et ils ont moins d’accidents que nous.»
Les vitesses en Allemagne sont limitées partout, y compris sur un bon tiers des autoroutes. Seules les autoroutes de liaison, où le réseau est chargé, ne sont pas limitées, et le risque au kilomètre y est plus élevé qu’en France. L’introduction en décembre 2002 d’une limitation à 130 km/h sur 62 kilomètres de l’autoroute entre Berlin et Hambourg a permis de mesurer une réduction de 48% de l’ensemble des accidents et de 57% des décès. L’Allemagne se refuse par ailleurs à publier les données d’accidents sur ces autoroutes de liaisons. Devinez pourquoi!

 

«La vitesse excessive est un facteur aggravant d’un accident.»
Un accident n’est jamais dû à un seul facteur, il existe toujours une multitude de causes. Chacune est nécessaire à la survenue de l’accident. Il suffit que l’une de ces causes ne se produise pas pour que l’accident ne se produise pas. Si la vitesse excessive n’avait pas été une cause de tel accident, cet accident n’aurait pas eu lieu. La vitesse excessive n’est pas un facteur aggravant d’un accident, c’est un facteur d’accident grave.


«Il faut différencier vitesse excessive et excès de vitesse.»
C’est bonnet blanc et blanc bonnet: dans les deux cas, la vitesse est trop grande au regard de la limitation de vitesse ou des circonstances rencontrées.


«Il faudrait deux permis: un pour ceux qui sont capables de rouler vite et un pour les autres.»
On pourrait pousser la ségrégation plus loin: un permis pour les jeunes cadres dynamiques et un pour les retraités; un pour les hauts revenus et un pour les smicards; un pour les hommes et un pour les femmes. Autrement dit, un permis pour moi et un pour les autres. Est-­ce incongru de parler de la solidarité sur la route aussi?


«Les professionnels de la route devraient avoir plus de points sur leur permis car ils risquent plus d’en perdre.»
On pourrait dire aussi que les journalistes devraient avoir le droit de faire plus de fautes de français puisqu’ils parlent ou écrivent beaucoup. C’est le contraire: les professionnels dont le véhicule est un outil de travail et qui utilisent beaucoup la route doivent y appliquer strictement les consignes (code de la route) et faire moins de fautes de conduite.


«Limiter à la construction les voitures à 130 km/h serait une faute car, d’une part, cette mesure déresponsabiliserait le conducteur et, d’autre part, la conduite serait monotone et provoquerait un risque d’endormissement.»
On ne voit pas pourquoi le fait de rouler à des vitesses rendant les routes plus sûres diminuerait le sentiment de responsabilité des conducteurs. Les poids lourds sont équipés d’un limiteur qui bloque leur vitesse maximale à 90 km/h; or, les routiers ne se sentent pas moins responsables et ne s’endorment pas plus que les autres usagers. Ils considèrent ce dispositif comme une aide à la conduite, qui diminue leur charge de travail et par conséquent leur fatigue. Il est faux de croire que rouler à vitesse modérée endort plus qu’à grande vitesse. Au contraire, il est prouvé que
rouler vite dégrade plus rapidement les capacités des conducteurs.


«Dans la circulation, les enfants sont dangereux. Ils ne font pas attention.»
«Ils sont dangereux»: il y a dans la définition du mot «danger» l’idée de quelque chose qui s’impose, qui domine. Or, on n’a jamais vu un enfant renverser une voiture ou créer le moindre danger pour une voiture. Ce n’est pas l’enfant qui est dangereux, mais le véhicule en mouvement.
«Ils ne font pas attention»: les enfants ne sont pas capables d’interpréter le risque dans la rue. Ce n’est pas parce qu’ils ne regardent pas mais le plus souvent parce qu’ils ne peuvent pas regarder mieux qu’ils sont renversés.


«Les personnes âgées sont vraiment dangereuses sur la route.»
Les personnes âgées compensent l’éventuelle diminution de leurs capacités par un comportement plus prudent et une meilleure organisation de leurs déplacements. Les bilans routiers montrent qu’elles ne créent pas plus d’accidents que la moyenne des autres conducteurs, mais, au contraire, moins que les classes d’âge les plus jeunes.


«Cet accident était imprévisible.»
Souvent, l’accident n’est pas imprévisible mais imprévu. Victor Hugo a écrit: «Rien n’est plus imminent que l’impossible, et ce qu’il faut toujours prévoir, c’est l’imprévu.»


«90% des accidents sont dus au comportement des usagers.»
Y a­-t­-il 1,4 million d’idiots qui se tuent chaque année dans le monde malgré un système parfaitement au point? Ou s’agit-­il au contraire d’un système idiot et non adapté aux capacités humaines qui génère tant de pertes de vies humaines (Claes Tingvall, directeur du département suédois de sécurité routière)?


«C’est l’alcool, et non la vitesse, qui est la première cause d’accidents, pour environ 30%.»
C’est faux, car cette affrmation repose sur une énorme confusion. En effet, le bilan de la sécurité routière de 2006 mentionnait que 20% des accidents mortels étaient liés à une vitesse dépassant la vitesse maximale autorisée, mais l’avant­-propos du ministre de l’Intérieur de l’époque faisait un raccourci en parlant de «vitesse» tout court. Cela changeait tout, car on peut très bien avoir des accidents dont la cause est la vitesse s’il y a par exemple défaut de maîtrise du véhicule à une vitesse bien en dessous de la vitesse maximale autorisée! Cette confusion a été une aubaine pour les adversaires de toute limitation de vitesse, mais l’alcool première cause d’accidents est bien une contre-­vérité (Pr. Claude Got)

 

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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