Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 : avec la mobilisation de tous, c’est possible !
État des lieux
Ghislaine Leverrier, présidente de la Ligue contre la violence routière de 1994 à 1998
Paru dans Pondération n° 78, octobre-novembre-décembre 2008
En mettant de l’ordre dans mes souvenirs, l’autre jour, j’ai retrouvé, au fond d’un carton le premier numéro de Pondération, daté d’octobre-novembre-décembre 1985. Les feuilles de papier pelucheux sont retenues par trois agrafes rouillées. On aperçoit autour des articles des traits noirs, résultat des collages, le «couper-coller» pour la mise en page ayant été réalisé avec des ciseaux et de la colle. Les caractères d’imprimerie sont ceux d’une petite machine à écrire. En le feuilletant, je sentais monter en moi tant de souvenirs… Souvenirs d’émotion, souvenir de cette énorme amitié qui nous entourait, qui nous portait. Quand je dis nous, je veux dire Jean-Marie et moi. C’est ce rempart qui nous a protégés de la désespérance, qui nous a permis d’avancer.
Au fond de la campagne normande, une poignée de militants de la Ligue a entendu Jean-Marie quand il a pris cette décision: «Il faut faire un bulletin d’information pour faire connaître nos idées, notre combat, et mettre notre énergie en commun.» Le principe était lancé, le groupe a accepté avec enthousiasme. J’ai suivi. Geneviève Mancel, toujours militante de la Ligue aujourd’hui, a accepté la charge de directrice de la publication et proposé le titre : Pondération. Elle a rédigé avec l’équipe la présentation de ce premier bulletin qui, aujourd’hui encore, reste d’actualité : «Après deux années d’existence, la Ligue contre la violence routière voit s’étoffer le nombre de ses adhérents. Des expériences très variées se vivent dans diverses régions de France, des actions concrètes sont menées pour améliorer la sécurité routière (aménagements de voies piétonnes, de pistes cyclables, de carrefours pour qu’ils soient moins dangereux, etc.). Il nous a paru enrichissant pour tous de publier un bulletin de liaison des adhérents qui serait source d’information, de réflexion, et lieu d’échanges. Pondération est donc né. Nous attendons vos réfléxions, vos suggestions, les échos de vos actions et celles de vos sections. Le bulletin sera ce que nous en ferons ensemble.»
Nous avons acheté un vieux mobile home que nous avons installé dans notre jardin, des offset d’occasion, du papier peu cher à l’imprimerie du coin, une machine à écrire, et nous avons commencé à y passer des nuits. Que d’épuisement, que d’énervement autour de ces presses difficiles à conduire ! Les clichés qui se déchirent, le papier qui se froisse, l’encre trop épaisse par ces nuits d’hiver, la chienne blottie dans un coin n’osant pas bouger… Le lendemain, nous battons le rappel pour nous installer autour de la table de la salle afin d’assembler, agrafer et mettre sous bande les exemplaires, puis coller les étiquettes faites à la main. Des grands sacs de jute des PTT envahissent la pièce car il faut faire le «routage». Tous les adhérents, un millier à cette époque, doivent être classés par code postal dans des sacs différents : Grand Ouest, Sud, Paris, autres…
Pour rédiger ce premier Pondération, nous avons mis tous nos amis à l’écriture. Certains sont toujours présents, d’autres sont allés vers d’autres causes à défendre. Ce matin, j’ai reçu le numéro 76, avril-mai-juin 2008. Vingt trois ans ! Comme il est devenu grand et beau, ce Pondération. Il a pris des couleurs, sa mise en page est claire et soignée, ses articles bien documentés et variés. Entre les mains de Chantal Perrichon (directrice de la publication) et de Claude Chabot (rédacteur en chef), il a acquis une grande maturité. Nous, l’ancienne équipe, sommes heureux d’avoir passé le relais. Il faut savoir tirer sa révérence pour laisser la place aux nouveaux qui apportent leurs idées, leur expérience, leur réflexion. Nous avons porté à la décharge le mobile home, les offset, la plieuse, la machine à écrire, mais nous avons gardé l’amitié de nos anciens amis et l’avons enrichie de celle de beaucoup d’autres, venus nous rejoindre.
Après Geneviève Mancel, Jean-Marie Leverrier, Philippe Laville, Sylvia Pozzo di Borgo, Jacques Robin, Claude Chabot — que nous remercions très chaleureusement d’avoir accepté cette lourde charge de rédacteur de chef —, nous souhaitons beaucoup de succès à Pierre Lagache, qui a accepté de devenir le septième rédacteur en chef, depuis l’automne 2014
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