Analyse bilan de sécurité routière mars 2024

Y-a-t-il encore un pilote dans l’avion ?

+ 31% de tués en mars 2024 : serait-ce une conséquence de l’absolution Darmanin (suppression du retrait de points pour les « petits » excès de vitesse) ? Nous avons connu seulement 4 fois en 50 ans une telle augmentation : juin 2009, janvier 1998, janvier 1988 et janvier 1986.

Nous notons que l’embellie de septembre 2022 à août 2023 (baisse de 6%) est suivie d’une augmentation moyenne de 10% par an de la mortalité. La sécurité routière n’en fournit aucune raison. Le communiqué à l’eau de rose de la déléguée interministérielle invitant à la prudence et au respect du code ne présage aucune mesure forte.

Pour rappel :

  • En décembre 2004, les ministres européens des transports visent à diviser par deux le nombre d’accidentés de la route d’ici à 2010.
  • En juillet 2010, la Commission européenne vise à réduire de moitié le nombre de morts sur les routes européennes au cours des dix prochaines années. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, adapte cet objectif à la situation française « moins de 2.000 tués en 2020 ».
  • En février 2020, la France signe la Déclaration de Stockholm qui engage les signataires à réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves sur les routes à l’horizon 2030, et atteindre l’objectif ultime « zéro décès et blessures graves sur les routes d’ici à 2050 ».

La réalisation de ces objectifs implique une baisse moyenne annuelle de 6,7%. Si le Président Macron et ses gouvernements avaient tenu cet engagement, près de 3 000 personnes auraient été sauvées et des blessures graves auraient été épargnées à près de 14 000 autres.

Selon un nouveau rapport de la Cour des comptes européenne, l’UE est loin d’avoir atteint l’objectif de la Déclaration de Stockholm. La Commission Européenne a reconnu que des efforts supplémentaires étaient nécessaires pour atteindre ses objectifs pour 2030 et 2050. En réponse à ce rapport, Antonio Avenoso, directeur général du Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC), a appelé à des règles plus strictes, affirmant que « l’approche actuelle de l’UE ne suffira pas tant que la législation ne sera pas assez ambitieuse ». Ainsi, il appelle de fait les gouvernements à avoir beaucoup plus de courage pour affronter les lobbys et prendre les mesures cohérentes et efficaces que nous avons maintes fois évoquées et qui sauveront des centaines de vies chaque année. D’expérience nous savons que pour inverser durablement la courbe, il faut une détermination vigoureuse pour mettre en œuvre des mesures fortes et pérennes. Devant une telle dégradation de la sécurité routière, on attend d’un gouvernement responsable non pas de la gesticulation oratoire, mais de vraies mesures courageuses qui permettent d’inverser la courbe dans le bon sens.

Nous rappelons que l’insécurité routière, c’est chaque année plus de 3 500 morts et 15 000 blessés graves pour un coût de 77 milliards d’euros.

Contrôle technique des motos : 10 ans de tergiversation

Sous la pression du puissant lobby des motards, le gouvernement n’a cessé de tergiverser. Un bref résumé du feuilleton :

  • 2012 : obligation du contrôle technique des motos en Europe,
  • 2014 : report de ce contrôle en France au 1er janvier 2022,
  • 11 août 2021 : mise en place du contrôle technique motos à compter du 1er janvier 2023,
  • 12 août 2021 : Emmanuel Macron suspend le contrôle technique,
  • 17 mai 2022 : sur la requête d’associations environnementales, le Conseil d’État avance la mise en place du contrôle au 1er octobre 2022,
  • 26 juillet 2022 : plus de contrôle technique des motos, le décret n°2021-1062 est définitivement abrogé,
  • 31 octobre 2022 : le Conseil d’État oblige le gouvernement à instaurer le contrôle technique pour les deux-roues à partir du 1er janvier 2023.

L’arrêté publié au Journal officiel le 24 octobre 2023 rend le contrôle technique obligatoire à partir du 15 avril 2024 pour les deux-roues motorisés de 50 cm³ et plus, les trois-roues, les voitures sans permis, les scooters et les quads. Le contrôle du bruit et du bridage du véhicule, souvent contourné par les scooters, ne seront effectifs qu’à l’été 2025.

Il aura fallu dix ans et de nombreux recours pour faire appliquer en France cette directive européenne de 2012, déjà largement mise en place sur le continent. Un premier décret d’application avait été pris par le gouvernement en 2021 avant qu’Emmanuel Macron ne l’enterre dès le lendemain, soucieux de ne pas « embêter les Français« . Bien que le « Baromètre Assurances de BPCE L’Observatoire » consacré aux deux-roues révèle que la majorité des motards (73%) accueille favorablement la mise en place de ce contrôle technique obligatoire, les motards en colère restent vent debout contre. Ils déposent un nouveau recours devant le Conseil d’État pour contrer cette mesure. Samedi dernier, ils ont lâché leurs hordes dans les rues de plusieurs de nos villes. Ils appellent au boycott de ces contrôles qui a été entendu par le député Sacha Houliéi, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, lui-même « motard », qui déclare au média « Contexte » qu’à titre personnel il ne se soumettra pas à ce contrôle ! Faut-il lui rappeler que l’absence de contrôle technique peut être punie d’une amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe, (Article R. 323-1). Le montant de l’amende forfaitaire est de 135 €.

Un tel refus de se soumettre à un règlement dont l’objectif est d’améliorer la sécurité des usagers de la route et la pollution, de la part d’un haut dignitaire de notre république, est révélateur du désintérêt que nos dirigeants politiques portent à la violence routière.

i Son père est décédé dans un accident de moto en 2008 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacha_Houli%C3%A9)&

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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