Analyse du bilan de sécurité routière septembre 2023

Après 10 mois avec une baisse moyenne de 8% par an, le mois de septembre connaît une hausse brutale de 9,4%, avec une augmentation de 20% du nombre de tués automobilistes, sans qu’on en connaisse les raisons. Globalement, la mortalité sur ces 12 derniers mois est en baisse de 6 % par rapport aux 12 mois précédents, ce qui est très loin des 14% qu’il faut pour atteindre l’objectif auquel la France s’est engagée : « réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves sur les routes à l’horizon 2030 »

92 % des accidents sont dus à un mauvais comportement du conducteur

Une étude de 2021 du CEREMA et la Cour des Comptes confirme qu’au moins un facteur humain est présent dans 92% des accidents mortels. Pour nous, Ligue contre la violence routière, ce constat montre que le système de circulation est complètement inadapté à l’être humain.

Certes, un accident sur la route a très souvent, parmi toutes les causes, une cause de l’usager, mais l’origine de cette cause n’est pas toujours là où on a tendance à la placer spontanément. La possibilité qu’un homme puisse faire une erreur tient pour une part à ce qu’un autre homme n’a pas pu ou su prévoir cette possibilité d’erreur et n’a rien fait pour la prévenir ou en limiter les conséquences.

Bons ou mauvais conducteurs, tous conduisent !

Sans nier les comportements fautifs, on doit éviter les solutions de facilité imputant à priori l’accident à l’imprudence ou autres éléments subjectifs qui sont d’un intérêt limité pour la recherche des mesures préventives. L’essentiel de l’effort demandé à l’autorité doit consister à placer le conducteur, bon ou mauvais, dans des conditions telles qu’il soit effectivement à l’abri des risques. Dans cet esprit on ne saurait se contenter de consignes plus ou moins détaillées de sécurité. Le conducteur ne peut éviter les actes dangereux que dans la mesure où il est d’abord soustrait à des situations dangereuses : il ne peut pas rouler à 200 km/h avec un véhicule limité à la construction à 110, il respecte les limitations de vitesse avec un limiteur de vitesse automatique (l’AIV : Adaptation intelligente de la vitesse), il ne peut pas rouler en étant alcoolisé avec un éthylomètre antidémarrage, etc. Une politique qui ne viserait qu’à responsabiliser les conducteurs serait insuffisante, il faut aussi agir sur tous les éléments qui entourent les conducteurs à commencer par leur environnement et leur véhicule. À la responsabilité individuelle du conducteur, s’ajoute une responsabilité collective et notamment celle des décideurs publics, et en particulier celle de l’état, qui doit organiser un système de circulation aussi sûr que possible. Ce n’est plus à l’être humain de s’adapter au trafic routier, mais c’est au trafic routier de s’adapter à lui. C’est un changement de paradigme quant à la manière de concevoir les routes et les véhicules et organiser la circulation qu’il faut mettre en œuvre pour réaliser l’objectif « 0 tué, 0 blessé grave en 2050 »

« Les Français, on aime la bagnole et, moi, je l’adore ! »

Depuis les gilets jaunes, le président de la République a compris qu’il ne fallait pas toucher à la bagnole. Pour mettre les automobilistes dans sa poche il lance à la télévision le 24 septembre 2023 « Les Français, on aime la bagnole et, moi, je l’adore ! ».

Les aboyeurs du lobby vroum-vroum en profitent pour franchir les bornes.

40 millions d’automobilistes demande 150 km/h sur autoroute

Le 27 septembre dernier, sur RMC, le délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes (40 MA) encourage à augmenter la vitesse maximale autorisée sur autoroute à 150 km/h, au motif qu’en circulant plus vite, les conducteurs seront plus concentrés au volant et donc plus vigilants. Cet argument est trompeur et faux. Les conducteurs seront plus fatigués, leur champ visuel sera diminué et la distance d’arrêt en urgence sera plus longue de 30 m. Tout ça c’est connu depuis toujours, mais le délégué le glisse sous le tapis. Il cite l’Allemagne en exemple où beaucoup d’autoroutes n’ont pas de limitations de vitesse, mais ne dit pas qu’en Allemagne pour 1 000 km d’autoroutes 33 personnes sont décédées en 2019, contre 23 en France.

Sur la base d’une analyse détaillée de 115 études internationales, il a été conclu que pour une diminution de la vitesse moyenne de 1 %, la baisse de la mortalité serait de 4,6 % sur les routes hors agglomération et les autoroutes, et de 3 % en agglomération. Ainsi, augmenter la vitesse maximale autorisée c’est augmenter la vitesse moyenne de circulation donc la mortalité. Cette relation entre la vitesse maximale autorisée et la mortalité a été vérifiée maintes fois y compris en France. La dernière étude, d’octobre 2022, sur le relèvement de la vitesse maximale autorisée de 80 km/h à 90 km/h montre une hausse de la mortalité de 13,1%. Passer la vitesse maximale autorisée sur autoroute de 130 km/h à 150 :

  • c’est augmenter la pollution, mais ce n’est pas un problème pour 40 MA
  • c’est augmenter la mortalité, mais 40 MA est l’émanation d’un pilier de la compétition automobile : 24 heures du Mans, 24 heures camions, 24 heures motos, 24 heures kartings, Porsche Sprint Challenge, Grand Prix de France Moto, école de pilotage, …

La Ligue de Défense des Conducteurs demande la suppression des amendes pour les petits excès de vitesse

Après la suppression du retrait de points pour les « petits » excès de vitesse, c’est maintenant la fin des contraventions pour ces fautes qu’elle demande. Par ailleurs, comme à son habitude elle quémande aux usagers de la route de signer sa pétition « Zéro sanction pour les mini dépassements de vitesse ». Nous rappelons que cette « association » a prévu 2 types d’adhérents, les dirigeants et les participants qui, eux, ne sont pas tenus de payer une cotisation. Ces derniers sont en fait ceux qui signent les nombreuses pétitions qu’elle publie dans des journaux gratuits à grands tirages. Avec une telle diffusion, c’est assurément un vecteur permettant de toucher le plus grand nombre pour, d’une part, propager largement ses désinformations, et d’autre part, gonfler son fichier d’adresses de participants qu’elle loue, comme le prévoit l’article 5 de ses statuts « l’association peut procéder à la location de son fichier d’adresses ». Dans son rapport d’activité de 2020, cette ligue de défense des conducteurs annonce « Au total, ce sont plus d’un million d’automobilistes qui nous ont communiqué leur coordonnées ».

« Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites »

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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