Analyse bilan de sécurité routière mai 2023

La baisse de 11% de la mortalité depuis le début de l’année, après 10 ans de stagnation, est à analyser pour en tirer tous les enseignements utiles à la réalisation de la feuille de route permettant d’atteindre l’objectif auquel s’est engagé la France : « zéro tué et blessé grave en 2050 ».

Chaque année, près de 400 véhicules à contresens sont détectés sur les autoroutes en France.

En 2017, en France, on a enregistré une centaine d’accidents liés à un contresens sur des chaussées séparées, dont 24 mortels. Malgré tous ces drames, les pouvoirs publics s’obstinent à prévenir ces situations avec seulement des panneaux de sens unique. Chacun sait que l’utilisation de ces seules consignes comme mesure de protection d’un tel danger est insuffisante, voire illusoire. Des mesures drastiques sont nécessaires pour éviter que tout conducteur ne soit plus en situation de pénétrer à contresens sur une « 4 voies ».

C’est aux ingénieurs d’utiliser urgemment les techniques existantes pour résoudre ce problème.

Éliminer les risques est un concept fondamental de l' »Objectif 0 mort et blessé grave en 2050« . C’est au trafic routier de s’adapter aux conducteurs, quels qu’ils soient.

Mercredi 22 mars, une personne âgée, roulait à bord d’une Twingo à contresens sur la rocade mancelle. Elle a percuté une Alfa Romeo, qui venait en face, à son bord, un homme âgé d’une trentaine d’années a été blessé. La dame est décédée dans la collision.

Dimanche 21 mai, dans une collision entre un véhicule de police et une voiture qui roulait à contresens dans la métropole lilloise, quatre personnes, dont trois jeunes policiers, sont mortes, et deux passagers ont été grièvement blessés.

Jeudi 25 mai, le président de la République rend hommage à ces 3 policiers et élargit son hommage à « tous ceux qui, à leur tâche chaque jour, servent ostensiblement les Français » 

Le 26 mai, Sophie nous écrit : « Je viens d’écouter attentivement le discours d’Emmanuel Macron aujourd’hui à Roubaix. Un discours, et c’est compréhensible, en hommage aux trois gardiens de la paix et aux agents publics en général.

Mais en 12 minutes, il est étonnant que le chef de l’État, mis à part la mention du « chauffard alcoolisé sous l’emprise de stupéfiants », ne mentionne pas davantage la cause de l’accident et n’évoque pas l’insécurité routière qui tue, la plupart du temps dans l’anonymat le plus complet, plus de 10 personnes par jour en France. N’était-ce pas l’occasion… J’ai noté : « À la vue de vos cercueils, n’existe que la sidération devant l’injustice et l’absurde  ». Peut-être une phrase à retenir, quand on sait l’importante responsabilité de l’Etat, sur ce que M. Macron qualifie d’injuste et absurde. »

Ce message a inspiré l’humeur suivante de notre président Jean-Yves Lamant.

« Quelle occasion ratée, oui, et quelle insulte aux victimes anonymes mais c’est malheureusement la confirmation que la sécurité routière avec la mort et les blessures d’anonymes sur la route est un «  non- sujet » pour le Président Emmanuel Macron. 

Comme toujours on se contente de dénoncer «  avec force » et d’annoncer une mesurette qui a pour effet d’endormir le peuple avant qu’on ne lui impose le sujet suivant d’indignation feinte.

Comme toujours on se contente de dénoncer «  avec force » et d’annoncer une mesurette qui a pour effet d’endormir le peuple avant qu’on ne lui impose le sujet suivant d’indignation feinte.Pire,  cette indignation, qualifions la de « sur médiatisée » pour éviter de trop polémiquer, est dévalorisée par une communication dont le choc des mots est catastrophique. 

Le Président Emmanuel Macron dans son discours en hommage aux 3 policiers tués dit que «…..parler d’eux devient nécessaire pour rendre hommage à leur destin et dénoncer les comportements irresponsables qui tuent».

Des comportements « irresponsables » dites-vous ? Mais comment les victimes d’accidents ont elles accueilli cette expression alors que l’auteur de l’accident qui a tué un des leurs a été précisément déclaré « irresponsable » pour je ne sais quelle raison du type altération du jugement ou autre …. 

Alors oui des « irresponsables » tuent mais pourquoi le discours n’élabore-t-il pas le début du commencement d’une once d’analyse du pourquoi de telles situations et surtout des ébauches de solution ne relevant pas du concours Lépine mais de la prise en compte des réflexions et des propositions  des experts dont il faudrait cesser de leur interdire de partager leur expertise? Rien de cela dans le discours présidentiel, absolument rien. Or ce qu’attendent les familles de victimes pour que ces morts absurdes et évitables ne soient pas vides de sens c’est la mise en œuvre d’actions concrètes pour que pareille absurdité n’arrive pas à d’autres. Eh oui, Monsieur le Président, même si vous « réfutez »  le qualificatif de « méprisant »  qui vous est attribué, c’est bien du mépris que les victimes d’accident ressentent en pareille circonstance. La prochaine victime d’un conducteur sous l’emprise de drogue sera vécue comme une seconde mort de leur proche déjà victime d’un tel comportement au minimum intentionnellement délictueux. 

La seule question qui vaille est : quelles actions évaluées comme potentiellement efficaces mettre en œuvre sans délai pour éviter ces morts et ces blessures absurdes parce que totalement évitables ? Je vous rappelle, Monsieur le Président, que la France s’est engagée à diviser par deux le nombre de tués et de blessés graves sur les routes de France sur la décennie 2021-2030 et à viser zéro tué et zéro blessé grave en 2050. 

Alors que le nombre de victimes augmente depuis début 2021 et que le nombre de vies non sauvées* sur les routes depuis le début de votre premier quinquennat atteint le triste nombre de près de 2.000 vies non sauvées pour ne pas dire inutilement gâchées avec leur cohorte de familles détruites à jamais de manière absurde, qu’attendez-vous pour exiger une feuille de route avec des actions concrètes permettant d’atteindre l’objectif auquel s’est engagé la France. 

Cet objectif comporte une vraie vision de la société à laquelle aspirent les Français. Saisissez cette opportunité car parler de vision est une chose. L’affirmer et décider des moyens de sa mise en œuvre concrète en est une autre.

Car il en va aussi de la crédibilité de la parole politique et de la sûreté des concitoyens qui est partie intégrante de votre mission. 

Non, l’accident de la route n’est pas une fatalité qu’il suffit de dénoncer quand il se produit.

Non, l’accident de la route n’est pas un fait divers. Ce terme qui banalise ces drames malheureusement quotidien » doit être banni dans un tel contexte 

Non, les mesurettes apparemment populaires mais plutôt populistes et sorties « du chapeau » comme la suppression de la suppression des points en cas de ce qui est appelé à tort les « petits excès » de vitesse ne sont pas compatibles avec la feuille de route vers le zéro victime de la route d’ici 2050.

Non, l’affaiblissement de la mesure de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires sans séparateur médian ne va pas dans le sens de la feuille de route vers le zéro victime de la route. C’est tout le contraire. 

Non, l’acceptabilité ne doit plus guider les décisions concernant la sécurité routière. C’est l’accidentalité. Il faut désormais changer de paradigme: prendre les mesures nécessaires, même si elles sont impopulaires (l’affirmiez-vous pour les retraites où l’enjeu n’est que quelques mois d’une vie) et rendre ensuite ces mesures acceptables en communiquant beaucoup mieux. Les Français peuvent comprendre les vrais enjeux bien expliqués.

Non, la sécurité routière ne doit plus être une variable d’ajustement des décisions prises. Elle doit être un des critères majeurs de dimensionnement.

Non, le multirécidivisme n’est plus acceptable dans notre pays. Laisser en liberté sans contrôle des individus qui peuvent mettre en danger des innocents n’est plus acceptable. 

Non, l’homicide involontaire sanctionné par des peines bien inférieures à ce que prévoit la loi en moyenne n’est plus entendable par les victimes. La loi doit changer en instaurant un homicide routier qui ne doit pas être un simple changement de nom mais un véritable outil de dissuasion de comportements intentionnellement dangereux.

Non, Monsieur le Président, le nombre de tués sur la route ne peut stagner comme depuis 10 ans au niveau de 3250 tués par an. C’est un vrai bilan de guerre. C’est intolérable. S’il s’agissait d’une entreprise ou d’une équipe de football le directeur ou l’entraîneur auraient été « virés »  depuis longtemps. 

Il est donc urgent, Monsieur le Président, de décider de tenir un Comité interministériel de sécurité routière (CISR) avant la fin de l’année 2023, en mobilisant toutes les compétences disponibles et les experts pour décider d’une feuille de route potentiellement efficace pour que l’engagement de la France soit enfin tenu et qu’ainsi une vraie vision devienne réalité. 

La route est le miroir de la société. Sachons relever ensemble ce défi et montrer au monde que la France mérite toujours l’appellation de pays des droits de l’Homme ! »

Le président de la Ligue contre la violence routière

Jean-Yves Lamant

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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