Analyse bilan de sécurité routière septembre 2022

 

La Sécurité routière a fourni des informations détaillées sur le fonctionnement des voitures radars au cours de l’année 2021.

En 2021, les voitures radars ont flashé 1 voiture sur 13 voitures contrôlées

C’est une moyenne nationale. La situation est très hétérogène en fonction des départements puisque certains ont un taux de verbalisation d’à peine 3% alors que d’autres dépassent les 12% !

Dans le détail, le taux de verbalisation sur les routes :

  • limitées à 70 km/h, est de 11,2 %.
  • limitées à 80 km/h est de 8,2 %,
  • limitées à 90 km/h est de 4,9 %.

Entièrement automatisé, le système radar embarqué dans ces véhicules permet d’enregistrer de nombreuses données en temps réel sur le trafic. Les données collectées permettent de fournir des rapports analytiques par tronçon de route, donnant, entre autres, la vitesse moyenne pratiquée :

  • 67,2 km/h sur les routes limitées à 70 km/h,
  • 68,3 km/h sur les routes limitées à 80 km/h,
  • 78 km/h sur les sections limitées à 90 km/h.

La Sécurité routière a trouvé sa nouvelle Déléguée !

Pour la première fois c’est une générale de gendarmerie, Florence Guillaume, qui est nommée Déléguée interministérielle à la Sécurité routière. Elle était conseillère gendarmerie de la Première ministre et à Matignon depuis Édouard Philippe. Elle succède à Marie Gautier-Melleray, nommée quant à elle directrice adjointe du cabinet de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. À quoi s’attendre sachant que le mot d’ordre élyséen est « ce n’est pas le moment d’embêter les Français ».

Les dossiers chauds de la nouvelle cheffe de la sécurité routière

Limitation à 110 km/h sur autoroute

L’idée n’est pas nouvelle : en 1973, alors que la France est frappée par le choc pétrolier, pour économiser l’essence, le Premier ministre, Pierre Messmer, limite alors la vitesse « à 90 km/h sur toutes les routes de France, et à 120 km/h sur les autoroutes». La limitation à 110 km/h sur autoroute se situe dans la moyenne des pays du globe disposant d’autoroutes, qu’elles soient gratuites ou payantes. Le climatologue Jean Jouzel, scientifique incontestable, appelle le gouvernement à adopter cette mesure. « Ce que la communauté scientifique dit depuis trente ans, il faut le faire maintenant ! ». Cette mesure serait particulièrement efficace et réduirait de 25 % les émissions de CO2 du trafic autoroutier, pour une perte de temps de « seulement » 15 % environ. Selon une étude récente du cabinet de conseil économique Asterès, le gain potentiel d’un passage à 110 km/h au lieu de 130 sur autoroute, et de 80 km/h au lieu de 90 sur route serait en moyenne de 149 € annuels pour les ménages (125 € pour l’autoroute, 24 € pour la route). Un détail pour certains, mais pas pour les plus modestes pour lesquels cela représente de 0,5 à 1 % de pouvoir d’achat.

En 2020, la convention citoyenne pour le climat propose de baisser la vitesse maximale autorisée sur les autoroutes à 110km/h. D’emblée le président de la République, Emmanuel Macron, décide de ne pas prendre en compte cette proposition. En 2020, Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique, s’était dite favorable à titre personnel à cette mesure. Aujourd’hui, Première ministre, elle n’est plus enthousiaste du tout, ce qui transparaît dans le plan de sobriété énergétique présenté le 6 octobre par le gouvernement qui met l’accent sur les seuls « éco-gestes » des citoyens. L’abaissement de 130 à 110 km/h de la vitesse sur les autoroutes qui ne concerne uniquement que les agents de l’État dans le cadre de leurs déplacements professionnels dans des véhicules de service, et qui n’est pas obligatoire, illustre les limites de l’ambition du gouvernement.

Les « petits excès de vitesse » en ligne de mire

Il n’y a pas de « petits excès de vitesse » : 13% des accidents mortels sont liés à un excès de vitesse inférieur à 10 km/h au-dessus de la vitesse autorisée – étude Vivian Viallon et Bernard Laumon, chercheurs à l’Ifsttar. Depuis plus de 6 mois, sous la pression du lobby « vroum-vroum », le ministre de l’Intérieur « réfléchit » à ne plus retirer de point sur le permis des conducteurs (électeurs) ayant commis des excès de vitesse de moins de 5 km/h. C’est-à-dire ajouter une faveur de 5km/h à la « marge technique » favorable au conducteur qui est actuellement appliquée. Ainsi un « petit excès de vitesse » de 5 km/h signifie en réalité que la limitation est dépassée de 10 km/h (voir tableau ci-dessous). « Ces petits excès de vitesse sont certes dangereux mais souvent involontaires et représentent plus de 50 % des points perdus », a indiqué le ministre en juillet dans les journaux du groupe Ebra, estimant que la réglementation est « assez injuste pour la France qui se lève tôt et qui n’a pas de transports en commun ».

Cette tolérance électorale serait « une mesure totalement inégalitaire en faveur de ceux qui pourront payer sans problème, et nous allons surtout assister à une remontée inexorable du nombre des morts. Les experts attendent le pire en 2023« , se désole notre présidente, Chantal Perrichon.

Si une telle mesure d’indulgence était adoptée au motif que des petits excès de vitesse peuvent être commis par inadvertance, dans un proche futur ce caractère non-intentionnel ne sera plus. Les nouveaux modèles de voitures, qui sont homologués depuis le 6 juillet 2022, sont équipés d’un système d’adaptation intelligent de la vitesse (LAVIA), et toutes les voitures neuves le seront à partir de juillet 2024. Ainsi à terme, toutes les voitures seront équipées de cet antidote contre les radars. Il n’y aura plus de petits dépassements de vitesse involontaires, ils seront tous volontaires. Ils auront tous été commis délibérément. Le conducteur aura désactivé le système intentionnellement pour dépasser les vitesses autorisées.

Ce sera une faute intentionnelle qui bénéficiera de « l’indulgence Darmanin » !

La Sécurité routière : un poste entravé

La générale de gendarmerie, Florence Guillaume a été en poste ces dernières années à Matignon. Elle connaît le contexte politique du moment en matière de sécurité routière. Elle sait que la tâche de Déléguée interministérielle à la Sécurité routière est entravée pour des raisons bassement politiques. Malgré cela, nous espérons que l’expérience qu’elle a acquise sur le terrain en tant qu’ancienne commandante du groupement de l’Ain et de la compagnie de la Tour-du-Pin, lui permettra de surmonter toutes ces entraves.

Ce tableau montre que cette « tolérance électorale » serait une incitation à rouler plus vite, exemple : sur les autoroutes limitées à 130 km/h, seuls les conducteurs flashés à plus de 150 km/h par les voitures radars seraient sanctionnés par un retrait de points.

État des lieux

Objectif -50% de tués en 2027 vs 2017 :

Avec la mobilisation de tous, c’est possible !

Le bilan
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